Télétravail : combien de jours par semaine ? Conséquences ? Inconvénients ? Avantages ?
Publié leLe télétravail dans la fonction publique étant maintenant pratiqué à grande échelle depuis la pandémie Covid en 2020, les conséquences sur les agents et les organisations de travail sont mieux perçues et, même si ce mode de travail à de nombreux avantages, l’on voit apparaître des ajustements dans les pratiques, surtout à partir de 3 jours par semaine.
Les bilans tirés, après 10 ans d’expérience, par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) le montre incontestablement. Un article d’Acteurs Publics (voir l’article ICI), qui y est consacré, note dans sa conclusion que : « Les DRH mettent cependant en garde contre certains risques que peut représenter le télétravail, surtout quand il est pratiqué à partir de 3 jours par semaine. On note, par exemple, une porosité entre la vie professionnelle et la vie personnelle, un moindre sentiment d’appartenance à l’organisation, un risque de désengagement et aussi d’affaiblissement de la solidarité au sein d’une équipe. Les remontées du terrain font aussi état de difficultés de la réversibilité en cas de difficultés constatées, mais attestent aussi que l’onboarding (accueil des nouveaux arrivants) et la montée en compétences sont rendus plus difficiles.
Dernier risque, et non des moindres, le télétravail quand il est effectué à temps complet, accordé durablement dans certaines situations médicales, conduit quasi systématiquement à une désinsertion professionnelle. »
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Sans remettre en question ce mode d’organisation, notamment à 3 jours par semaine, il convient d’être vigilant pour en minimiser les diverses conséquences, que nous détaillons ci-dessous.
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A garder en mémoire :
Les inconvénients ne se cumulent heureusement pas dans toutes les situations, de plus, ils ont des effets différents en fonction des collectifs en place et des métiers réalisés.
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Le télétravail dans la fonction publique, pratiqué à raison de trois jours par semaine, présente des défis spécifiques en plus de ceux communs à toutes les organisations. Voici les principales conséquences négatives connues.
Conséquences sur les organisations de travail dans la fonction publique
- Baisse de la cohésion d’équipe et de l’esprit de corps :
- Isolement des agents : Les interactions informelles et spontanées sont réduites, ce qui peut nuire à la cohésion d’équipe et à l’esprit de corps, essentiels dans la fonction publique.
- Affaiblissement des relations interpersonnelles : Les liens sociaux se tissent moins facilement, notamment entre les différents niveaux hiérarchiques.
- Communication et coordination difficiles :
- Problèmes de coordination des équipes : Les échanges d’informations sont moins fluides, ce qui peut entraîner des malentendus et des délais dans la prise de décision.
- Risque de silos : Les agents peuvent travailler de manière plus isolée, ce qui nuit à la collaboration entre services ou départements.
- Impact sur la culture organisationnelle :
- Diminution du sentiment d’appartenance : Le maintien et la transmission de la culture institutionnelle peuvent être plus difficiles, surtout pour les nouveaux agents.
- Perte des rituels administratifs : Les événements et rituels propres à la fonction publique (réunions hebdomadaires, cérémonies, etc.) peuvent perdre de leur vigueur.
Conséquences sur le collectif de travail dans la fonction publique
- Inégalités entre les agents :
- Accès inégal aux ressources : Certains agents peuvent ne pas disposer des outils technologiques nécessaires ou d’un espace de travail adéquat à domicile.
- Disparités de situations personnelles : Les différences dans les conditions de logement ou les responsabilités familiales peuvent créer des inégalités dans la capacité à télétravailler efficacement.
- Santé mentale et bien-être :
- Stress et fatigue : La frontière entre vie professionnelle et vie personnelle peut devenir floue, ce qui peut entraîner un surmenage et des problèmes de santé mentale.
- Sentiment d’isolement : Le manque de contacts sociaux peut avoir un impact négatif sur le moral des agents.
- Performance et engagement :
- Baisse de productivité : Certains agents peuvent rencontrer des difficultés à rester motivés et concentrés sans la structure d’un environnement de bureau.
- Risque de désengagement : La diminution des interactions sociales et de la cohésion d’équipe peut entraîner un désengagement progressif des agents.
- Défis technologiques et sécuritaires :
- Sécurité des données : Le télétravail peut poser des problèmes supplémentaires en matière de sécurité des données et de protection de la vie privée, particulièrement sensible dans la fonction publique.
- Problèmes de connectivité : La qualité des connexions internet et des outils technologiques peut varier, affectant la productivité et la communication.
Conséquences spécifiques à la fonction publique
- Proximité avec le public :
- Accès réduit aux services : Pour certains services publics nécessitant un contact direct avec le public, le télétravail peut rendre l’accès aux services plus difficile pour les usagers.
- Réduction de la qualité du service : Les interactions directes et immédiates avec le public peuvent être compromises, affectant la qualité du service rendu.
- Gestion administrative et bureaucratique :
- Complexité accrue : Les processus administratifs et bureaucratiques, souvent lourds et complexes, peuvent devenir encore plus difficiles à gérer à distance.
- Délais dans les processus décisionnels : La prise de décision peut être ralentie en raison des difficultés de communication et de coordination.
A retenir :
Le télétravail à raison de trois jours par semaine dans la fonction publique présente des défis spécifiques liés à la nature de l’organisation et des missions publiques. La gestion attentive de ces défis est cruciale pour minimiser les effets négatifs sur les organisations de travail et le collectif.
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A contrario :
Il est quand même bon de rappeler que le télétravail présente aussi de nombreux avantages dans la fonction publique. A noter que certains inconvénients / avantages sont les 2 faces d’une même pièce, comme par exemple sur la santé des agents améliorée ou détériorée, sur la productivité en baisse ou en hausse, etc …
- Amélioration de la qualité de vie des agents :
- Équilibre vie professionnelle/vie personnelle : Une meilleure gestion du temps permet aux agents de concilier plus facilement leurs responsabilités professionnelles et personnelles.
- Réduction du stress et de la fatigue : Moins de temps passé en déplacements quotidiens réduit le stress et la fatigue liés aux trajets. Diminution du « risque routier ».
- Augmentation de la productivité :
- Concentration accrue : Travailler à domicile permet de réduire les interruptions et les distractions fréquentes au bureau, augmentant ainsi la concentration et la productivité.
- Flexibilité des horaires : La possibilité d’adapter ses horaires de travail permet aux agents de travailler pendant leurs heures de pointe de productivité.
- Impact positif sur la santé :
- Santé physique : Réduction des maladies liées au stress et aux trajets, ainsi que la possibilité de mieux gérer les pauses et l’activité physique.
- Santé mentale : Une diminution du stress quotidien et une meilleure gestion de l’équilibre vie pro/perso contribuent à une meilleure santé mentale.
- Santé physique : Réduction des maladies liées au stress et aux trajets, ainsi que la possibilité de mieux gérer les pauses et l’activité physique.
- Réduction des coûts :
- Économies de frais de transport : Les agents économisent sur les frais de transport, et parfois même sur les repas.
- Économies pour l’employeur : Moins de besoins en espace de bureau et en infrastructures au siège de l’administration.
- Environnement :
- Réduction de l’empreinte carbone : Moins de déplacements quotidiens entraînent une diminution des émissions de CO2 et une empreinte écologique réduite.
- Attraction et rétention des talents :
- Compétitivité accrue de l’emploi public : La flexibilité du télétravail rend les postes dans la fonction publique plus attractifs.
- Satisfaction des employés : Une meilleure qualité de vie et des conditions de travail améliorées contribuent à éviter la « fuite des talents ».
- Innovation et modernisation des pratiques de travail :
- Adoption de nouvelles technologies : Le télétravail pousse à l’utilisation de technologies de communication et de collaboration à distance.
- Évolution des pratiques managériales : Les managers développent de nouvelles compétences pour gérer les équipes à distance.
A retenir :
Ces effets positifs contribuent à une meilleure efficacité et satisfaction des agents publics, tout en apportant des bénéfices économiques et environnementaux.
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Sur le même sujet :
Nos collègues du SPAGRi CFDT, au ministère de l’agriculture (MASA) ont publié un article sur leur site intitulé : Accord télétravail : bilan 2 ans après : allocation forfaitaire, disparités sur le nombre de jours télétravaillés, recherche de consensus, management à distance, flex office…
Vous pouvez lire l’article ICI
Nous retiendrons que la DRIAAF a appliqué une méthode qui porte ses fruits pour apaiser les conflits sur le télétravail : voir le point 2 de l’article sur le sujet… et le point 3 où il est pointé du doigt les directions qui ont une vision dogmatique sur les 3 jours de télétravail.
Nous insistons sur cette vision concertée et intelligente qui permet de définir des règles permettant de concilier efficacité et collectif de travail !
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