« Se mettre au boulot, sans attendre »
Publié leDans une tribune parue dans le journal « Marianne » publiée le 28 avril 2022, la secrétaire générale de la CFDT Fonction publique, Mylène Jacquot demande que les questions de pouvoir d’achat soient prioritaires. En lien avec l’augmentation du Smic et l’inflation, il faut des mesures d’urgence sur la valeur du point d’indice et sur les grilles. Et il faudra aussi construire l’ouverture de négociation sur le pouvoir d’achat des agents publics, leurs rémunérations, leurs carrières.
Pour Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, la question du pouvoir d’achat dans la Fonction publique apparaît cruciale et doit être l’objet de réformes rapides.
Le scrutin présidentiel est achevé. Certes, nul ne sait encore quelle sera la majorité issue des élections législatives du mois de juin. Pour autant, les enjeux touchant à la Fonction publique et ses 5,6 millions d’agents ne peuvent attendre tant ils sont importants !
En priorité le pouvoir d’achat ! L’augmentation du SMIC au 1er mai appelle en effet des mesures d’urgence. La hausse de la valeur du point d’indice qui permet de calculer le salaire brut des fonctionnaires, est indispensable. Après dix ans de quasi-stagnation, la CFDT estime qu’elle ne peut être inférieure à 3 % ; soit a minima 42 euros nets par mois pour un agent en début de carrière de catégorie C. Mais même à ce niveau de 3 %, cette hausse du point d’indice sera insuffisante. C’est pourquoi il faut très rapidement revoir les grilles de rémunérations ; sans quoi, les agents de catégorie C seront payés au SMIC pendant plus de dix ans, les agents de catégorie B pendant au moins 4 ans. Quant aux fonctionnaires de catégorie A, ils seront recrutés à peine 150 euros au-dessus du SMIC ! En outre, une rétroactivité de la mesure est nécessaire. La CFDT appréciera ces mesures d’urgence comme un ensemble, qui devra faire l’objet d’une concertation.
LA DÉMOCRATIE SOCIALE DANS LA FONCTION PUBLIQUE
Il faudra ensuite négocier, au-delà des seules mesures catégorielles, pour donner à tous les agents – fonctionnaires et contractuels –, des perspectives salariales qui garantissent la progression de leur pouvoir d’achat tout au long de leur carrière, reconnaissent leurs montées en compétences, leurs parcours professionnels, leurs prises de responsabilités et tout simplement leur engagement professionnel apprécié au quotidien par les citoyens, et particulièrement pendant les années de crise. Cette négociation devra intégrer les questions d’égalité professionnelle car les marges de progrès dans ce domaine sont aussi réelles qu’indispensables.
« Il faut que le futur gouvernement et les employeurs publics soient au rendez-vous ! »
Enfin, il faut rendre les métiers des trois fonctions publiques plus attractifs. C’est vrai pour l’hôpital bien sûr, mais aussi pour tous les secteurs des services à la personne, de l’enseignement, de la recherche publique, de la culture, des transitions écologiques et technologiques, du social… Au-delà de cette liste, il faut aussi mieux reconnaître les agents en charge de l’encadrement – y compris supérieur et dirigeant – puisque leurs niveaux de rémunérations peuvent être trois fois inférieurs à ceux du privé. Investir dans leur formation, leur accompagnement, mobiliser leurs compétences indiscutables en leur accordant plus de confiance, mieux gérer leurs carrières permettrait ainsi de limiter drastiquement le recours aux cabinets extérieurs…
Mais pour avancer sur tous ces sujets – réorganiser en même temps les services sur les territoires –, il faut du dialogue social… et donc que les employeurs publics respectent les organisations syndicales ! La CFDT s’est opposée à la loi de transformation de la Fonction publique, a déjà obtenu que sa mise en œuvre soit amendée et améliorée. Elle poursuivra sans relâche son engagement pour faire vivre la démocratie sociale dans la Fonction publique. Cependant la CFDT ne peut le faire seule : il faut que le futur gouvernement et les employeurs publics soient au rendez-vous !
Par Mylène Jacquot