Retraite : Rencontre avec la PREMIÈRE MINISTRE … un échec !

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L’intersyndicale a été reçue aujourd’hui par la Première Ministre, le ministre du travail et le ministre des Fonctions publiques. Vous trouverez ci-dessous la déclaration de Laurent Berger pour la CFDT et la déclaration commune de l’intersyndicale.

Dans son introduction, la Première Ministre a tout d’abord souhaité pointer la responsabilité dont ont su faire preuve les organisations syndicales depuis le début du mouvement social. Conscient d’une insatisfaction du monde du travail, l’exécutif entend engager un travail rapidement sur plusieurs thématiques dans le prolongement du projet de réforme des retraites (emploi des séniors, carrières longues, fonds de prévention de la pénibilité…), étoffé de nouveaux sujets tels que les perspectives d’évolution des carrières, les salaires ou encore la conciliation des temps au travail. Pour tous ces travaux, la Première Ministre a précisé que l’intention du gouvernement était de donner plus de place et plus de marges de manœuvre aux partenaires sociaux.

La CFDT a démarré le tour de table des organisations syndicales présentes (voir intervention en annexe). Toutes les organisations ont accepté cette invitation au dialogue pour échanger sur les retraites. De nombreux sujets sont au coeur des préoccupations des travailleurs et travailleuses mais, avant d’échanger sur cela, l’exécutif doit faire la preuve qu’il est prêt à écouter. Les 8 organisations ont terminé leur intervention avec la même question : « Madame la Première Ministre, êtes-vous prête à retirer cette réforme » ?

Après ce tour de table la Première Ministre a réitéré son souhait de dialogue et rappelé que le projet de loi était aujourd’hui entre les mains du Conseil Constitutionnel et qu’il fallait attendre ses conclusions le 14 avril prochain. Cette réponse négative à la question de l’intersyndicale a mis terme à la réunion.

Pour la CFDT, cette entrevue avait pour objectif d’aborder la question des retraites et l’ampleur de la contestation sociale. L’exécutif ne l’a malheureusement pas souhaité, préférant s’entêter avec le maintien d’une réforme injuste. Aussi la CFDT appelle tous les travailleurs et travailleuses à rejoindre encore plus massivement les manifestations organisées demain jeudi 6 avril 2023 partout sur le territoire.

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L’intersyndicale était composée de : CFDT, CGT, FO, CFE CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU.
La délégation CFDT était composée de Laurent Berger, secrétaire général, et Marylise Léon, secrétaire générale adjointe

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Déclaration de Laurent Berger :

Madame la Première ministre,

Alors que nous entrons bientôt dans le troisième mois d’une mobilisation historique contre le projet de réforme des retraites, vous avez invité l’intersyndicale à dialoguer. C’est donc bien pour parler de la réforme des retraites que la CFDT a accepté votre invitation. C’est bien pour parler de ce projet de réforme contre lequel plus d’un million de travailleurs et de travailleuses défilent chaque semaine que la CFDT a accepté votre invitation. Comment aurait-il pu en être autrement ?

Depuis le 19 janvier et notre 1ère mobilisation intersyndicale, pas une seule rencontre, ni avec vous, ni avec le ministre du travail. Nous sommes aujourd’hui le 5 avril. Madame la Première ministre vous ne pouvez pas continuer à ignorer cette contestation sociale.

  • Vous avez vu ces cortèges composés de travailleurs et de travailleuses de tous les secteurs professionnels,
  • Vous avez vu ces cortèges se multiplier dans toutes la France, dans les grandes villes comme dans les plus petites.

Les travailleurs et les citoyens rejettent massivement la réforme des retraites que vous proposez. Ils la rejettent car elle est injuste et brutale.

  • Injuste car seuls les travailleurs sont mis à contribution
  • Injuste car les plus gros efforts pèsent sur les épaules de ceux et celles qui ont commencé à travailler tôt, qui exercent des métiers pénibles
  • Et ce projet de réforme est brutal car il a vocation à entrer en vigueur très rapidement, prenant de court des milliers de personnes qui avaient organisé leur fin de carrière.

Ce sentiment d’injustice est très fort chez les travailleurs et les travailleuses. Et l’absence de toute réponse de l’exécutif face à cette expression citoyenne a progressivement transformé la contestation en ressentiment. L’utilisation du 49.3 et l’impasse faite sur les débats parlementaires a finalement fait naître la colère.

La décision du Conseil constitutionnel pourrait déséquilibrer encore plus le projet de loi et renforcer encore ce rejet, ce ressentiment et cette colère.

Madame la Première ministre, la défiance vis-à-vis de nos institutions est à un niveau jamais égalé. Ce sont maintenant nos règles de vie en société qui sont fragilisées et notre démocratie qui est écornée. Le 16 mars au Parlement, vous avez dit vouloir changer de méthode. Comment comptez-vous mieux prendre en compte les attentes des travailleurs ? Comment allez-vous refonder et renforcer le dialogue social ?

La période appelle à la responsabilité de tous les acteurs. C’est pour cela que nous avons fait la proposition de suspension et de médiation que vous avez refusée. La période appelle à la responsabilité. C’est pour cela que la CFDT, et avec l’ensemble des organisations syndicales, nous vous demandons de suspendre ou retirer la réforme des retraites pour prendre le temps de remettre le débat dans le bon sens.

Oui il sera nécessaire de parler de pénibilité au travail, de l’emploi des séniors ou des évolutions de carrières. Durant l’automne, la CFDT vous a d’ailleurs fait de nombreuses propositions sur ces sujets, propositions que vous n’avez pas voulu reprendre. L’exécutif est-il maintenant prêt à discuter des départs anticipés pour les personnes qui exercent des métiers pénibles ? L’exécutif est-il maintenant prêt à rendre les négociations sur l’emploi des séniors obligatoires dans les entreprises ?

Donc oui, nous sommes convaincus que nous devons avancer sur ces sujets de travail mais avant cela, l’exécutif doit montrer qu’il est prêt à écouter.

Madame la Première ministre, vous ne pouvez pas faire comme s’il ne s’était rien passé depuis 3 mois. Vous ne pouvez pas relancer des discussions sans recréer les conditions de la confiance, sinon de l’écoute.
Si elle devait être adoptée en l’état, cette réforme laisserait des traces. Elle pèserait sur la vie de millions de travailleurs et travailleuses et d’abord les plus précaires. Mais elle pèserait aussi sur la vie démocratique et notre capacité à faire des choix collectifs.

Madame la Première ministre, organisez une conférence sociale autour des retraites et du travail et la CFDT y participera.

Mais avant cela Madame la Première ministre, pouvez-vous répondre à cette question : Êtes-vous prête à retirer cette réforme ?

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Déclaration commune de l’intersyndicale :

Paris, le 5 avril 2023

Soutenues par des millions de travailleuses et travailleurs mobilisés depuis bientôt 3 mois dans toute la France pour le retrait de la réforme des retraites, nos 8 organisations syndicales ont été reçues ce jour par la Première ministre.

A cette occasion, nous lui avons une fois de plus redit combien sa réforme est aussi injuste que brutale ! Injuste parce qu’elle aggrave les inégalités déjà présentes dans le système actuel. Brutale parce qu’aucune urgence, pas même comptable, ne justifiait d’aller ainsi au pas de course et d’escamoter la consultation des partenaires sociaux. A aucun moment, nos propositions alternatives de financement n’ont été prises au sérieux. Quant au processus parlementaire, on sait à quel vice démocratique a conduit le refus de le mener à son terme.

A la crise sociale, s’ajoute aujourd’hui la crise démocratique ! Nos concitoyens qui ont très largement et très pacifiquement exprimé leur opposition à cette réforme ne comprendraient pas que leur mobilisation et, à travers elle, leur parole soit ignorée. Nous avons donc redit à la Première ministre qu’il ne saurait y avoir d’autres issues démocratiques que le retrait du texte.

La Première ministre a répondu qu’elle souhaitait maintenir son texte. Une décision grave. Cette réforme est refusée par la quasi-totalité de la population. Il faut la retirer. Nous refusons de tourner la page et d’ouvrir, comme le propose le gouvernement, d’autres séquences de concertation sur des dossiers aussi divers que le plein emploi ou le partage des richesses.

Chacune de nos organisations, sur chacun des dossiers suggérés, pourra formuler le moment venu des propositions de nature à améliorer l’existence de nos concitoyens. Mais le moment n’est pas venu !

La vie des travailleuses et travailleurs que nous représentons et que nous défendons n’est pas réductible à un enchaînement de séquences. Le report à 64 ans de l’âge légal de départ en retraite aura sur la vie de nos concitoyens, sur leur santé, sur leurs projets des conséquences très concrètes.

C’est pourquoi nous ne retournerons pas à la table des concertations comme si de rien n’était et appelons une fois encore au retrait pur et simple du texte.

Nous en appelons à la sagesse du conseil constitutionnel qui doit entendre la juste colère des travailleuses et travailleurs. Enfin, nous appelons ces derniers à se joindre massivement aux nombreux cortèges qui défileront demain à Paris et dans toute la France pour dire une onzième fois NON à cette réforme injuste et brutale !

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TOUS À LA MANIFESTATION

JEUDI 06 AVRIL 2023 !

LA MOBILISATION CONTINUE !

 

Où manifester en France ?
Voir aussi nos articles sur la réforme des retraites :

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