Remettre la transition écologique au sommet de l’agenda politique
Publié leLes ONG du Réseau Action Climat se disent prêtes à “année combative”. Après le discours de politique générale du Premier ministre, elles craignent que la transition écologique ne fasse les frais de la rigueur budgétaire annoncée.
Le discours de politique générale du Premier ministre aura-t-il apaisé les craintes des ONG environnementalistes du Réseau Action Climat (RAC) ? Rien n’est moins sûr. Il n’aura en tout cas pas répondu aux doutes et interrogations pointés par le réseau lors de sa conférence de presse de rentrée, le 30 septembre dernier. « Alors que les impacts du changement climatique sont de plus en plus brutaux, la réponse politique est de plus en plus indigente », pointait en introduction, Anne Bringault, directrice des programmes du RAC.
Les premiers signaux envoyés par le nouveau gouvernement de Michel Barnier ne sont d’ailleurs pas de nature à rassurer : démembrement de l’ex-grand ministère de la Transition écologique (qui perd désormais les transports et le logement, ces deux ministères redevenant de plein exercice), disparition du secrétariat d’État à la Biodiversité, « débranchement » du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) jusqu’alors placé directement sous l’autorité du Premier ministre, « ce qui permettait des arbitrages au plus haut niveau ».
Une nette baisse des crédits
Ce sont aussi et surtout les futures coupes budgétaires que redoutent les associations, et le fait que la dette financière ait nettement la priorité sur la dette écologique. « Après avoir coupé les bras du ministère, lui retirant les transports et le logement, on va lui couper les jambes avec le futur projet de loi de finances, où les opérateurs de la transition écologique vont faire les frais des coupes budgétaires », a souligné Jean Burkard, directeur du plaidoyer au WWF France. Les lettres préparatoires au budget prévoient en effet de réduire le Fonds vert (visant à accélérer la transition écologique dans les collectivités locales) à 1 milliard d’euros, au lieu de 2,5 milliards d’euros en 2024, de raboter de 1,3 milliard le dispositif MaPrimeRénov’ ou encore de baisser de 37 % les crédits de l’Ademe (Agence de la transition écologique).
Les discussions budgétaires des semaines à venir auront valeur de test. « Le gouvernement saura-t-il prendre des mesures ? », a interrogé Fanny Petitbon, responsable de 350.org. La mise à l’agenda parlementaire de certains projets de loi, comme la loi agricole, sera également scrutée. « Ce sera un très bon test pour voir si les nécessités sont prises en compte par ce gouvernement. Est-ce qu’on continue sur ce modèle productiviste ou on le transforme pour répondre aux impératifs écologiques ? », a lancé Antoine Gatet, président de France Nature Environnement. L’attente est forte également en ce qui concerne les textes législatifs fondamentaux qui devront définir l’avenir énergétique du pays, à savoir la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie, fixant pour 2035 les grands objectifs par types d’énergie), la SNBC (Stratégie Nationale Bas-Carbone, feuille de route afin de lutter contre le changement climatique) et le Pnacc 3 (Troisième plan national d’adaptation de la France au changement climatique). « Ces dossiers sont en retard de plus d’un an ! », soulignent les représentants du Réseau Action Climat.
Menace sur les libertés associatives
Si Michel Barnier, dans son discours de politique générale, assure vouloir les mettre à l’agenda très rapidement, les associations se questionnent sur « le débat démocratique qui doit normalement accompagner la définition de ces trajectoires ». Aura-t-il lieu ? Car, entre autres inquiétudes évoquées par les membres du RAC, figurent les pressions exercées sur les associations pour limiter leurs actions et les espaces de débat démocratique autour des enjeux de la transition. Elles n’entendent pas baisser les bras, en tout cas. Leur mobilisation ne fait que commencer.
Par Emmanuelle Pirat
Journaliste
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