Réforme des retraites : que décidera Michel Barnier ?

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Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, est désormais face à une question brûlante : que faire de la réforme des retraites ? Alors que les débats s’annoncent tendus, il affiche une volonté d’ouverture, tout en prévenant qu’il ne reviendra pas sur l’ensemble des mesures.

Nommé le 5 septembre par Emmanuel Macron, Michel Barnier doit gérer un dossier sensible : la réforme des retraites, en 2023, a suscité une vive opposition, tant dans la rue qu’au Parlement.
Le gouvernement précédent, dirigé par Élisabeth Borne, avait réussi à faire passer la réforme en avril 2023 en utilisant l’article 49.3 de la Constitution, malgré des manifestations massives et une opposition populaire majoritaire selon les sondages. La motion de censure avait échoué de peu, à seulement neuf voix près. Aujourd’hui, Michel Barnier reprend donc ce dossier sous un angle différent, mais reste confronté à la même fragilité politique, avec un Rassemblement national affichant une bienveillance stratégique à son égard.

Il faut aussi voir que si Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier comme Premier ministre, c’est notamment parce qu’ il pense qu’il protégera « sa » réforme, que le chef de l’État ne veut absolument pas voir détricotée.

Les syndicats et une majorité de députés continuent de réclamer la suppression du relèvement de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Vers un débat sur l’amélioration de la loi

Dès le lendemain de sa nomination, lors d’une interview sur TF1, le nouveau chef du gouvernement a exprimé son souhait d’ouvrir un débat sur « l’amélioration » de la loi actuelle, en particulier pour les personnes les plus fragiles. Il a précisé que ce dialogue se ferait en concertation avec les partenaires sociaux, mais dans le cadre d’un respect strict des contraintes budgétaires. Michel Barnier a toutefois tenu à clarifier : « On ne va pas tout remettre en cause », marquant ainsi son intention de ne pas abroger la réforme dans sa totalité.

Des propositions de loi pour abroger la réforme

Le 31 octobre, le RN a prévu de profiter de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour porter «le retour de l’âge légal de départ à 62 ans et aux quarante-deux annuités de cotisation», selon la cheffe de file de ses députés, Marine Le Pen. Rien n’indique pour autant que le coup de grâce sera porté à cette occasion. Cependant, cette initiative a peu de chances de recueillir un large soutien, le Nouveau Front populaire refusant de s’associer à une proposition émanant de l’extrême droite.

De son côté, La France insoumise (LFI), qui occupe une place centrale au sein de l’alliance de gauche, prévoit également de soumettre une proposition de loi visant l’abrogation ou des amendements au futur projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), puisque la réforme a été adoptée par un PLFSS rectificatif.

Ce contexte parlementaire tendu laisse entrevoir de nouvelles batailles politiques sur le sujet.

La CFDT demande une suspension de la réforme

Les syndicats, qui avaient fait bloc contre la réforme sous le gouvernement d’Élisabeth Borne, espèrent voir dans ce changement à Matignon une opportunité de faire bouger les lignes. Toutefois, les stratégies divergent.

La CFDT, par la voix de sa secrétaire générale, Marylise Léon, a demandé « a minima une suspension » de la réforme pour permettre des discussions approfondies. En effet, la secrétaire générale de le CFDT en fait un préalable : «Si on se dit qu’on rouvre les discussions, a minima on suspend la réforme.» Cela impliquerait que l’âge légal de départ reste gelé à 62 ans et demi le temps de la discussion, alors qu’il doit passer à 62 ans et trois trimestres le 1er janvier 2025. De même, le nombre de trimestres nécessaires pour partir à taux plein resterait figé sur 169 (42 ans et trois mois), au lieu de passer à 170. Invitée de l’émission « Questions politiques » sur France Inter, elle a aussi précisé: « L’idée c’est qu’argument contre argument, on fasse la démonstration que c’est une réforme profondément injuste ».

Néanmoins, la CFDT a choisi de ne pas participer aux manifestations du 1er octobre, organisées par la CGT et Solidaires, qui réclament, elles, une abrogation totale de la réforme. Cette décision reflète une stratégie plus orientée vers le dialogue que vers la contestation directe.

La question demeure donc ouverte : Michel Barnier parviendra-t-il à calmer les tensions et à trouver un compromis sur cette réforme contestée ? Les prochains mois s’annoncent déterminants pour l’avenir du système des retraites en France.

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