Réduction des effectifs de la Fonction publique : le retour de la politique du rabot

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L’EDITO de la Lettre Fonction Publique Informations n° 166, du jeudi 17 octobre 2024

Nul ne nie les contraintes budgétaires de la période, dont les choix politiques sont responsables. Nul ne nie la nécessité d’efforts, à condition qu’ils soient partagés et justes socialement. La CFDT est aussi convaincue qu’il ne faut pas forcément toujours plus de moyens pour faire mieux. Mais pour cela, encore faudrait-il éviter les paroles faciles et stigmatisantes.

« Débureaucratiser », « supprimer les doublons », « simplifier », « fusionner »… combien de termes qui ne cachent plus rien d’autre que des réductions d’effectifs sans réflexion anticipée sur les politiques publiques, les attentes et besoins des citoyens et usagers ?

Les agents publics le savent, parce qu’ils connaissent leur travail et sa réalité.

Le problème de l’école, de l’hôpital, de la prison, de la petite enfance, de la recherche, de l’université, de la culture, des SDIS, des services d’état-civil, … ce serait la « bureaucratie » ? Alors que la Fonction publique n’attire plus, que chaque rencontre avec des collègues fait émerger la perte de sens du travail, le problème serait la « bureaucratie » ?
Le problème, ce serait ces collègues qui organisent, entretiennent, recrutent, répartissent des moyens toujours réduits, les collègues qui nourrissent, passent des commandes, qui font fonctionner des outils informatiques souvent sous-dimensionnés, et tant d’autres encore ?

Côté CFDT Fonction Publique, il nous revient que le problème serait plutôt du côté de l’absence de politiques publiques claires et surtout consensuelles.

Dès ce matin, le retour de la politique du « rabot », qui risque fort de se doubler de mauvaises nouvelles sur le pouvoir d’achat, va dégrader un peu plus le moral dans les services, les ambiances de travail. Les prochains mois vont entraîner une dégradation marquée des conditions de travail, des conditions d’exercice. La qualité de vie au travail, c’est aussi un gage de travail de qualité.

Tout cela est donc balayé au nom de la lutte contre la « bureaucratie », sorte de monstre sans tête, qui va avoir, pour autre résultat, d’exposer encore un peu plus les fonctionnaires et agents publics à la vindicte et aux incivilités.

Dans un sursaut de tentative de rationalité rassurante, il fut question en parallèle de la « débureaucratisation » de « développer la culture de l’évaluation ». Comme si celle-ci n’existait pas. La question, ce serait plutôt de savoir ce qu’on évalue. Quelle évaluation des politiques publiques ? À quoi servent ces indicateurs que tout cadre public renseigne parfois pendant des heures et des jours ?

À moins qu’il ne s’agisse, une nouvelle fois, d’évaluer des agents au bout du rouleau, en oubliant le décret qui a déjà réduit de 10 milliards (dont plus de 800 millions sur la seule masse salariale) les moyens de l’action publique ?

Par UFFA-CFDT

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