Racisme, antisémitisme et xénophobie : le bilan de la Commission des droits de l’Homme pour 2023

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La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a publié, le 27 juin 2024, son rapport annuel sur le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en France en 2023. La CNCDH constate un recul de la tolérance et une très forte augmentation des actes racistes.

Ce rapport fonde ses analyses et ses recommandations sur des outils variés et complémentaires : les bilans statistiques du ministère de l’intérieur et du ministère de la justice, la plateforme de signalement en ligne des contenus ou des comportements illicites sur internet, les enquêtes sur l’état de l’opinion, les enquêtes de victimation de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)…

Cette année, le rapport porte en partie sur les discriminations existantes dans le monde du travail.

Des crimes et délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux en hausse

En 2023, le nombre de crimes et délits à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux enregistré par les services de sécurité a fortement augmenté.

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En hausse depuis l’année 2013, l’indice de tolérance du « baromètre racisme » de la CNCDH a perdu trois points entre 2022 et 2023, en passant de 65 à 62 sur 100.

Cet indice mesure tous les ans l’évolution des opinions et des sentiments des personnes interrogées à l’égard des minorités sur une échelle de 0 à 100. Plus l’indice se rapproche de 100, plus il reflète un niveau de tolérance élevé.

En 2023, 1 676 actes antisémites ont été comptabilisés en France, soit quatre fois plus qu’en 2022, ce qui représente une hausse inédite.

Selon la CNCDH, deux événements ayant marqué l’année 2023 expliquent en partie cette évolution :

  • le débat public et médiatique autour du projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration, qui a « fait écho à la notion de préférence nationale dans sa version issue des débats au Sénat » et « amplifié cette tendance xénophobe » ;
  • « l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre » et « la brutalité de la riposte israélienne« .

Aux termes du rapport : « il est impératif de redoubler d’efforts pour promouvoir la tolérance. […] La mise en place du Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine doit constituer à cet égard une priorité pour faire reculer ce fléau dans notre pays. »

La discrimination à l’embauche et dans l’évolution professionnelle

De nombreuses études et enquêtes, menées notamment par l’Insee ou le Défenseur des droits, documentent les discriminations liées aux origines dans le monde du travail.

Cependant, selon la CNCDH, les mesures de lutte contre ces discriminations restent insuffisantes.
La loi du 31 mars 2006 pour l’égalité des chances avait introduit le CV anonyme dans les entreprises de plus de 50 salariés. Les décrets qui devaient en préciser les modalités d’application n’ont pas été publiés et « le législateur a rendu, en 2015, l’utilisation du CV anonyme facultative » rappelle la CNCDH.

Pour lutter contre les discriminations et les prévenir, les politiques publiques doivent s’organiser autour de trois leviers :

  • la formation ;
  • le testing ;
  • les sanctions par les poursuites judiciaires.

La formation devrait concerner le plus de salariés possibles pour lutter contre les stéréotypes racistes. La proposition de loi visant à lutter contre les discriminations par la pratique de tests individuels et statistiques devrait renforcer le testing et sanctionner les employeurs.

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D’après l’article initialement publié par Vie-Publique.fr
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