Quelle exposition des salariés handicapés aux différents risques professionnels ?

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À partir de son enquête « Conditions de travail », la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) a étudié la situation des travailleurs handicapés quant aux risques professionnels. Elle met en évidence une surexposition pour ces personnes, à 7 risques professionnels sur les 8 définis. En voici une synthèse basée sur l’analyse de la DARES intitulée « Quelle exposition des travailleurs handicapés aux différents risques professionnels » :

Contexte de l’étude

L’enquête « Conditions de travail », menée par la DARES, explore les conditions de travail des salariés handicapés en France. Cette étude s’appuie sur huit dimensions principales des risques professionnels :

  • la pénibilité physique
  • l’intensité du travail
  • le manque d’autonomie
  • les exigences émotionnelles
  • le manque de soutien social
  • les conflits de valeurs
  • l’instabilité du poste
  • les contraintes liées à l’organisation du temps de travail.

L’objectif est de comparer l’exposition des travailleurs handicapés à ces risques par rapport aux autres salariés, en tenant compte de facteurs sociodémographiques et professionnels.

Surexposition des travailleurs handicapés aux risques professionnels

En 2019, les salariés reconnus handicapés affichent une surexposition marquée à l’ensemble des risques professionnels étudiés. Leur score global d’exposition est en moyenne de 3,4 sur 10, contre 3,1 pour l’ensemble des salariés. Cette surexposition est particulièrement notable pour la pénibilité physique (3,6 contre 3,1), le manque d’autonomie (3,3 contre 2,8) et le manque de soutien social (4,3 contre 3,8).

Pour les travailleurs « en situation de handicap », c’est-à-dire ceux qui, en plus de la reconnaissance administrative du handicap, souffrent d’une limitation d’activité liée à un problème de santé durable, les conditions sont encore plus dégradées, notamment en ce qui concerne le soutien social, les exigences émotionnelles et les conflits de valeurs.

Facteurs sociodémographiques et professionnels

Les travailleurs handicapés sont souvent plus âgés (46 % ont 50 ans ou plus contre 29 % pour l’ensemble des salariés) et se retrouvent majoritairement dans des postes d’employés ou d’ouvriers (70 % contre 53 %). Ils sont également plus nombreux à travailler à temps partiel (34 % contre 18 %). Ces différences sociodémographiques et professionnelles expliquent en partie les écarts d’exposition aux risques, mais même à caractéristiques comparables, les travailleurs handicapés restent plus exposés à la majorité des risques.

Pénibilité physique et intensité du travail

Les travailleurs handicapés sont particulièrement exposés aux facteurs de pénibilité physique tels que les postures inconfortables, le port de charges lourdes et l’exposition à des environnements bruyants ou à des produits dangereux. Un tiers d’entre eux subissent au moins six facteurs de pénibilité physique, contre un quart pour l’ensemble des salariés. Cette situation est plus fréquente chez les ouvriers, même si ceux-ci semblent parfois bénéficier de reclassements vers des postes plus adaptés à leurs capacités physiques.

Concernant l’intensité du travail, les salariés handicapés sont souvent soumis à des rythmes de travail imposés par des contraintes techniques (54 % contre 48 %) et doivent faire preuve de minutie et de concentration accrue (70 % contre 65 %).

Manque d’autonomie et exigences émotionnelles

Les travailleurs handicapés ont une autonomie de travail plus limitée. Ils sont plus souvent contraints de respecter des consignes strictes et d’organiser leur travail selon un rythme imposé. Cette situation est particulièrement prégnante chez les employés, les agents et les ouvriers. De plus, ils sont davantage confrontés à des exigences émotionnelles, notamment des tensions avec leurs collègues, leur hiérarchie ou le public. Ces contraintes émotionnelles contribuent à une charge mentale plus importante et à une moindre satisfaction au travail.

Soutien social et reconnaissance

Les travailleurs handicapés se distinguent par un manque de soutien social et de reconnaissance. Ils sont nombreux à juger leur travail mauvais pour leur santé (43 % contre 36 %) et à estimer que leur poste ne leur offre pas de perspectives professionnelles. Plus d’un tiers des travailleurs handicapés cumulent au moins cinq des huit facteurs de manque de soutien identifiés, ce qui reflète une situation de travail souvent isolante et mal rémunérée.

Instabilité du poste et organisation du temps de travail

Les salariés handicapés craignent davantage pour la stabilité de leur emploi. Près de la moitié (49 %) pensent qu’ils auraient des difficultés à retrouver un poste équivalent en cas de perte de leur emploi. Cette précarité se traduit également par des horaires de travail plus rigides, un travail fréquent le week-end et des journées de travail fractionnées, notamment parmi les ouvriers.

Conclusion

L’analyse de la DARES révèle que les travailleurs handicapés en France sont confrontés à des conditions de travail significativement plus difficiles que celles des autres salariés, même en tenant compte des différences sociodémographiques et professionnelles. Leur surexposition à la pénibilité physique, au manque de soutien et aux exigences émotionnelles souligne la nécessité de mesures spécifiques pour améliorer leurs conditions de travail et leur bien-être au sein des entreprises et administrations.

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