Que faut-il retenir du CNR (Conseil national de la refondation) ?
Publié leEmmanuel Macron a lancé le 8 septembre le Conseil national de la refondation, censé bâtir un consensus autour de l’état du pays et innover, par la coopération des acteurs, sur les priorités du moment. Le Président n’exclut pas, pour certains sujets, de recourir au référendum.
Il y eut le Grand débat national, au sortir de la crise des gilets jaunes. Puis vint la Convention citoyenne pour le climat, au sein de laquelle 150 citoyens mandatés ont pu proposer des mesures contre le réchauffement climatique dans un esprit de justice sociale. Le Conseil national de la refondation, lancé le 8 septembre à Marcoussis (Essonne) par le chef de l’État, s’inscrit dans cette lignée et doit traduire la volonté d’une « nouvelle méthode » de gouvernance défendue par Emmanuel Macron. Boudée par l’ensemble des partis d’opposition et une partie des organisations syndicales, cette journée de concertation entre le gouvernement et les « forces vives de la Nation » a réuni 40 acteurs politiques, sociaux et associatifs.
La politique de la chaise vide n’était clairement pas une option pour la CFDT. « On vit une crise sociale, écologique et démocratique. Le rôle d’une organisation syndicale n’est pas d’être dans le commentaire mais bien d’essayer de faire valoir ses propositions et de défendre les travailleurs […] en parlant avec nos interlocuteurs, qu’ils soient patronaux ou gouvernementaux », affirmait Laurent Berger quelques minutes avant le début des échanges, qui se sont tenus à huis clos. Quelques heures plus tard, il a reconnu « une volonté de discussion et de franchise » de la part de l’exécutif, mais regretté que « les questions sociétales, celles portant sur les inégalités ou le logement, n’aient pas été inscrites à l’ordre de jour ».
Cinq grands thèmes, trois objectifs
Il faut dire que peu de choses avaient filtré de la teneur de cette rencontre – y compris pour les participants, qui déplorent de n’avoir eu ni échange préalable ni document préparatoire. « Or nous avons besoin d’une méthode précise pour nous engager, rappelle Laurent Berger, et il a fallu rapidement réorienter le débat sur le rôle du CNR. »
Seul point dévoilé, les cinq thèmes de travail retenus par le chef de l’État : le plein-emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique. Certaines thématiques nécessiteront de « bâtir un consensus », d’autres de « faire coopérer tous les acteurs, au niveau national comme au niveau local » ; d’autres encore de « remettre les Français au cœur des grandes décisions », grâce à une large consultation en ligne, que l’exécutif lancera dès la semaine prochaine.
Des priorités et un impératif
Dans un contexte où pèse fortement la guerre en Ukraine, l’inflation et les difficultés d’approvisionnement en énergies, la CFDT ne s’est pas privée de rappeler ses priorités, à commencer par « investir massivement dans la transition écologique sans accentuer les inégalités ». Elle propose notamment d’articuler transition écologique et lutte contre la précarité énergétique en instituant « un minimum universel d’accès à l’énergie qui garantisse à chacun une quantité d’énergie minimale à prix réduit au-delà de laquelle le prix de marché s’appliquera », a plaidé le secrétaire général de la CFDT.
« Quels que soient les sujets travaillés dans le [cadre du] CNR, l’action publique sera centrale, et il s’agira de lui attribuer les moyens nécessaires », rappelle par ailleurs Laurent Berger. Que ce soit en matière d’éducation, avec une « promesse républicaine » à tenir, de santé via un accès aux soins pour tous ou de bien-vieillir, en trouvant les moyens de financer la cinquième branche de la Sécurité sociale, l’autonomie. La taxation des successions dès le premier euro (votée lors du 50e congrès confédéral de Lyon) est clairement une piste à explorer, selon la CFDT.
Sur tous ces sujets, le partage des efforts s’impose comme un impératif. Faire contribuer en priorité les plus précaires (avec une nouvelle réforme de l’assurance chômage) et les travailleurs (à travers un report de l’âge légal de départ à la retraite) semble être une forte tentation de l’exécutif – mais un tel entêtement « pourrait avoir de graves conséquences », prévient Laurent Berger dans un entretien à Syndicalisme Hebdo. « Ce qu’il faut, c’est un partage des richesses plus équitable dans les entreprises et une fiscalité au service de la justice sociale et de la croissance durable. » En cela, le calendrier de travail attendu par les partenaires sociaux à l’issue de cette première rencontre plénière sera révélateur puisqu’il donnera immanquablement le ton choisi par l’exécutif.
Par Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo
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D’après l’article initialement publié par Syndicalisme Hebdo
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