Profil sociodémographique des agents de la fonction publique

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Les agents de la fonction publique en 2022 sont plus souvent des femmes (64 %) et des personnes de 50 ans et plus (41 %) que les autres personnes en emploi ou au chômage. Les femmes sont notamment majoritaires parmi les aides-soignants (neuf sur dix) et dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social (huit sur dix), métiers principalement exercés dans la fonction publique hospitalière.

Plus diplômés, les agents publics ont aussi eu plus souvent des parents ayant eux-mêmes travaillé dans la fonction publique (40 %), en particulier parmi les cadres (48 %).

La proportion d’immigrés parmi les agents publics est plus faible que parmi les autres personnes en emploi ou au chômage (6 %, contre 12 %), mais l’écart se réduit pour les descendants d’immigrés (9 %, contre 10 %). Surreprésentés parmi les agents de service et les aides-soignants, les immigrés le sont aussi dans certains métiers très qualifiés (enseignant-chercheur, médecin hospitalier), où les conditions de nationalité ne s’imposent pas.

Les agents de la fonction publique employés et ouvriers ont les mêmes niveaux de diplômes que leurs homologues du secteur privé. En revanche, les agents de profession intermédiaire sont surdiplômés par rapport aux salariés du privé du même groupe social.

Par Daphné CHÉDORGE-FARNIER

En 2022, les 5,7 millions d’agents de la fonction publique se distinguent des 24,4 millions de personnes en emploi ou au chômage1 sur de nombreuses caractéristiques socio-démographiques.

Dans la fonction publique, en 2022, les femmes sont plus nombreuses que parmi les autres actifs en emploi ou au chômage (64 %, contre 46 %). Les agents de 50 ans et plus y sont aussi plus présents (41 %, contre 32 %), tandis que la part des moins de 30 ans y est de 12 %, soit 10 points de moins que parmi les autres actifs (Figure ci-dessus).

Cette surreprésentation des femmes et des personnes de 50 ans et plus dans la fonction publique se vérifie aussi à profil identique (sexe, âge, diplôme, origine sociale des parents, type de commune de résidence). Par rapport à un homme, une femme a 2,1 fois plus de chances de travailler dans la fonction publique. Un actif de 50 ans et plus a 2,6 fois plus de chances d’être agent de la fonction publique par rapport à un actif de moins de 30 ans.
Les salariés de la fonction publique sont aussi plus diplômés : 42 % ont un diplôme du supérieur long (de niveau au moins égal à Bac +3), et seulement 7 % n’ont pas de diplôme, contre respectivement 29 % et 13 % du reste de la population active.

Quatre agents sur dix ont au moins un parent ayant travaillé dans la fonction publique, contre trois sur dix parmi les autres actifs. À profil identique, une personne dont les deux parents travaillaient dans la fonction publique à la fin de ses études a presque deux fois plus de chances d’être agent aujourd’hui qu’une personne active dont aucun parent travaillait dans la fonction publique à la fin de ses études.

La proportion d’immigrés est deux fois plus faible parmi les agents de la fonction publique que parmi les autres actifs (6 %, contre 12 %), en raison des conditions de nationalité qui s’imposent pour la plupart des concours d’entrée. Cet écart est nettement atténué pour les descendants d’immigrés (9 %, contre 10 %). À caractéristiques équivalentes, un immigré a deux fois moins de chances d’appartenir à la fonction publique qu’un actif n’étant pas immigré ou descendant d’immigré.

Les habitants des quartiers prioritaire de la politique de la ville (QPV) semblent légèrement sous-représentés dans la fonction publique (4 %, contre 6 % parmi les autres actifs). Cela s’explique en partie par le fait que ces habitants sont nettement moins diplômés (30 % n’ont aucun diplôme, contre 13 % pour l’ensemble des actifs) et sont plus souvent immigrés (37 %, contre 13 %). Cependant, à diplômes et origines géographiques identiques il n’y a pas moins d’habitants des quartiers de la politique de la ville dans l’emploi public que dans le reste de la population active.

Davantage de femmes et de jeunes dans les métiers de la fonction publique hospitalière.

Selon les métiers exercés, les spécificités de la fonction publique peuvent être très marquées : les hommes ne représentent ainsi que 22 % des agents de la fonction publique hospitalière (FPH), contre 37 % dans la fonction publique territoriale (FPT) et 42 % dans la fonction publique de l’État (FPE). Ils sont notamment très peu présents parmi les aides-soignants et les employés d’accueil de la petite enfance (moins de 10 % des effectifs), dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social (18 %) ou parmi les employés administratifs (21 %). En revanche, les hommes sont largement majoritaires parmi les ouvriers (84 %) et chez les policiers, les militaires et les pompiers (79 %), métiers exercés essentiellement dans la FPT et la FPE.

La proportion de femmes est plus faible dans les familles de métiers de cadres et de professions intellectuelles supérieures du public : 51 % parmi les cadres administratifs et techniques (contre 63 % en moyenne pour l’ensemble de la FP) et 56 % dans les professions de l’enseignement secondaire, du supérieur et de la recherche. Les femmes sont notamment sous-représentées parmi les officiers des Armées et de la gendarmerie (13 %), les ingénieurs et les cadres techniques de la fonction publique (37 %), les cadres de direction (37 %), les chercheurs (44 %). Elles sont majoritaires parmi les psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes (94 %), les psychologues et conseillers d’orientation scolaire et professionnelle (86 %), les documentalistes et les bibliothécaires de la fonction publique et autres cadres du patrimoine (70 %).

La FPH compte une plus forte proportion de jeunes que les autres versants, et une moindre proportion d’agents de 50 ans et plus : 16 % des agents de la FPH ont moins de 30 ans, contre 9 % dans la FPT, et 35 % ont au moins 50 ans, contre 47 % dans la FPT.

La moitié des cadres administratifs et techniques avaient un parent agent public à la fin de leurs études

La part des agents qui ont eu au moins un parent ayant travaillé dans la fonction publique est plus élevée dans la FPE que dans les autres versants ; parmi eux, ils sont 14 % à avoir eu leurs deux parents qui travaillaient dans la fonction publique, contre 8 % des agents de la FPT et 9 % de la FPH. La FPE comprend plus de cadres et de professions intellectuelles supérieures que les autres versants. Or, les cadres administratifs et techniques ont plus souvent eu des parents ayant travaillé dans la fonction publique (48 %), de même que les professions de l’enseignement secondaire, du supérieur et de la recherche (46 %).

Les policiers, les militaires et les pompiers sont eux aussi plus nombreux à avoir eu des parents ayant travaillé dans la fonction publique (44 %). Cette transmission n’est donc pas réservée aux emplois de catégorie A de la fonction publique. Cependant, les professions parmi lesquelles la transmission du travail dans la fonction publique d’une génération à l’autre est la plus faible sont celles d’agent de service (29 % de parents dans la fonction publique), d’ouvrier (32 %) et d’aide-soignant (34 %).

Les immigrés dans la fonction publique travaillent dans des métiers soit peu qualifiés, soit très qualifiés

Les immigrés sont plus présents dans la FPH (8 %) et dans la FPT (7 %) que dans la FPE (5 %). Ils sont surreprésentés dans certains métiers comme ceux d’agent de service (14 % contre 6 % dans l’ensemble de la fonction publique), d’aide-soignant ou d’employé d’accueil de la petite enfance (9 %), mais aussi dans des métiers à haute qualification, notamment parmi les professions de l’enseignement secondaire, du supérieur et de la recherche (8 %). Plus précisément, presque un cinquième des chercheurs dans la recherche publique et des enseignants du supérieur sont immigrés. Il en va de même pour les médecins salariés hospitaliers et les internes en médecine. Les descendants d’immigrés sont davantage répartis dans toutes les catégories, bien qu’ils soient légèrement surreprésentés dans certaines professions comme celles d’aide médico-psychologique ou de surveillant scolaire et d’assistant d’éducation (13 %). À l’inverse, les agents de la fonction publique non immigrés et sans ascendance migratoire directe sont surreprésentés parmi les policiers, les militaires et les pompiers (92 %, contre 85 % dans l’ensemble de la fonction publique), professions dont l’accès est parfois soumis à des conditions de nationalité.

Les employés et ouvriers du privé et du public ont les mêmes niveaux de diplômes

Les agents de la FPE sont plus souvent diplômés du supérieur long que ceux des autres versants (65 %), soit deux fois plus que dans la FPH, et plus de trois fois plus que dans la FPT. La présence des enseignants dans la FPE, qui représentent plus de la moitié des effectifs de ce versant, explique en partie ces écarts. À l’inverse, 15 % des agents de la FPT n’ont pas suivi d’études supérieures, contre seulement 4 % dans la FPH et 3 % dans la FPE. Les écarts de niveaux de diplômes entre versants et avec le secteur privé sont essentiellement le reflet des différences de structure de qualification des emplois.

Si l’on se place à catégories socioprofessionnelles identiques pour comparer les profils de diplômes des salariés du public et du privé, on constate que les employés et les ouvriers de la fonction publique ont des niveaux de diplômes assez similaires à ceux du secteur privé. Comme leurs homologues du privé, ils sont 18 % à avoir un diplôme supérieur au baccalauréat. La part d’entre eux qui n’a aucun diplôme (15 %) est toutefois moins importante que dans le secteur privé (22 %). Les employés administratifs ainsi que les policiers, les militaires et les pompiers sont les plus souvent diplômés du supérieur : un tiers des employés administratifs est diplômé du supérieur, un quart des policiers, des militaires et des pompiers. À l’inverse, seuls 5 % des agents de service et 10 % des ouvriers sont diplômés du supérieur. La rémunération moyenne mensuelle de ces agents est plus importante dans la fonction publique : 1 926 euros en moyenne contre 1 834 dans le privé (Dixte et al., 2023).

Des agents dans les professions intermédiaires de la fonction publique surdiplômés par rapport à leurs homologues du privé

Les salariés qui exercent une profession intermédiaire sont en revanche nettement plus diplômés dans la fonction publique que dans le secteur privé. La moitié d’entre eux sont diplômés d’un cursus supérieur long, contre moins d’un quart dans le secteur privé. C’est notamment le cas de 77 % des professionnels de l’enseignement primaire et professionnel, de la formation continue et du sport. Pour autant, cela ne se traduit pas par une meilleure rémunération que leurs homologues du privé, les niveaux de rémunération étant équivalents (2 442 euros contre 2 470 euros).

Les cadres et professions intellectuelles supérieures sont également plus diplômés dans le public que dans le privé : 88 % d’entre eux sont diplômés d’un cursus supérieur long, contre 71 % dans le secteur privé. Là encore, cela ne se traduit pas sur la rémunération, le niveau de rémunération des cadres et professions intellectuelles du privé étant supérieur (4 331 euros contre 3 545 euros). Cela s’explique entre autres par le niveau de rémunération des enseignants du secondaire (Bour, 2022).

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D’après l’article initialement publié par le portail de la Fonction Publique
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