« Pousse-toi que je m’y mette »
Publié le« Pousse-toi que je m’y mette » : Des usagers peu enclins à faire de la place aux autres
La Fondation VINCI Autoroutes publie les résultats de la 3e édition de l’étude sur le « Partage de la route ». Cette enquête, réalisée par Ipsos, étudie spécifiquement les comportements des Européens confrontés à la cohabitation entre différents modes de déplacement.
- Qu’ils soient automobilistes, conducteurs de deux-roues motorisés, cyclistes ou piétons, quelle attention portent-ils aux autres usagers de la route ?
- Dans quelle mesure respectent-ils les règles de partage de la route ?
- Est-ce que leurs comportements sont influencés par les différents modes de déplacement qu’ils utilisent ?
Les réponses de 12 400 Européens, dont 2 400 Français, témoignent de la nécessité de sensibiliser toujours plus l’ensemble des usagers au respect d’autrui et des règles, de façon à rendre possible une coexistence harmonieuse sur la route.
Le rapport publié par la Fondation Vinci Autoroutes met en lumière la réalité complexe du partage des routes européennes. Cette l’étude montre que, bien que la conscience de la sécurité routière augmente, des tensions et des comportements à risque persistent parmi les usagers. Ce rapport, basé sur l’enquête Ipsos offre une vue d’ensemble alarmante des attitudes et des pratiques qui définissent nos interactions quotidiennes sur la voie publique.
Un fossé européen dans les pratiques de mobilité douce
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que 62 % des Français déclarent marcher régulièrement, seulement 13 % utilisent le vélo comme moyen de transport principal. En revanche, aux Pays-Bas, presque six personnes sur dix choisissent le vélo pour leurs déplacements quotidiens. Cette disparité reflète non seulement des différences culturelles, mais aussi la variabilité de l’infrastructure de transport et des politiques publiques à travers l’Europe.
En France, malgré des initiatives pour promouvoir la pratique du vélo, telles que le plan vélo national, la part modale de ce moyen de transport reste faible comparée à des pays comme les Pays-Bas, le Danemark, ou l’Allemagne. Cela suggère que la France et d’autres nations européennes ont encore beaucoup à faire pour encourager une mobilité plus verte et plus durable.
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La crainte partagée des piétons et des cyclistes
Le sentiment d’insécurité est commun parmi les usagers non motorisés : 75 % des piétons européens sont préoccupés par la traversée des passages piétons et la moitié des cyclistes se sentent menacés par le trafic motorisé. Ces peurs ne sont pas infondées – elles sont étayées par les rapports d’accidents et les statistiques de la sécurité routière qui montrent une incidence élevée d’incidents impliquant des véhicules motorisés et des usagers vulnérables. Les infrastructures, telles que les sas vélos et les pistes cyclables, sont souvent envahies par les voitures et les motos, avec 65 % des cyclistes signalant de telles incursions.
Malgré ce sentiment diffus d’insécurité, la pratique du vélo continue de progresser en France pour les déplacements du quotidien mais reste largement inférieure à la moyenne européenne. Les Français sont 13% (+2 points par rapport à 2020) à utiliser régulièrement le vélo contre 22% en moyenne dans les autres pays européens. Dans les agglomérations françaises de 200.000 habitants et plus, la pratique régulière du vélo est plus importante (15% contre13% pour la moyenne nationale). Les cyclistes réguliers sont notamment plus nombreux dans les régions Hauts-de-France (18%), Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur (17%).
En Europe, les Néerlandais sont les champions de la catégorie puisque 58% des personnes interrogées disent régulièrement recourir au vélo, « largement devant les Belges (28%), les Polonais (27%) et les Allemands (26%) », selon le baromètre. Les Français se placent en 8e position à égalité avec les Grecs (13%), juste devant les Britanniques (10%) et les Espagnols (9%). En ce qui concerne la marche, ce sont les Grecs qui la pratiquent le plus (78 %) et les Belges le moins (50%).
Frein à la pratique du vélo, le sentiment d’insécurité est particulièrement fort en France où seulement 60% des cyclistes disent se sentir en sécurité sur la route contre 80% en moyenne en Europe et 93% aux Pays-Bas, là où la pratique du vélo est la plus répandue. L’accidentalité en France varie également selon les territoires. Ainsi, la mortalité cycliste a augmenté de 20% par rapport à 2019 en milieu urbain – pour une augmentation de la pratique de 34% – et de 44% hors agglomération pour une augmentation de la pratique de 18%. Constat qui signe un besoin urgent de repenser l’aménagement urbain et les stratégies de prévention des accidents.
Infractions routières et distractions : une culture du risque ?
L’étude révèle aussi que de nombreux conducteurs s’adonnent à des pratiques dangereuses. L’utilisation du téléphone portable au volant est admise par 58 % des sondés, une statistique troublante quand on sait que la distraction au volant est l’une des principales causes d’accidents de la route. En outre, le non-respect des feux de signalisation et des signaux de direction est endémique, ce qui soulève des questions profondes sur l’attitude des Européens envers la sécurité routière et le respect des lois.
Multimodalité et empathie : vers une route partagée plus sûre
Il existe néanmoins des signaux d’espoir. L’enquête indique que les personnes qui utilisent plusieurs modes de transport sont généralement plus respectueuses des règles de partage de la route. Cela peut être attribué à une meilleure compréhension et à une plus grande empathie envers les différents usagers de la route, acquise par l’expérience personnelle. L’accroissement de la multimodalité pourrait donc être une clé pour améliorer la coexistence sur les routes européennes. Cela implique la promotion des transports en commun, l’amélioration des infrastructures pour les vélos et les piétons, et l’encouragement à une mobilité partagée.
Vers une approche intégrée de la sécurité routière
Le rapport est un appel à l’action pour tous les acteurs concernés : décideurs, urbanistes, associations et usagers de la route eux-mêmes. Pour que la coexistence sur les routes européennes ne soit pas seulement un objectif mais une réalité, il est crucial de combiner des mesures éducatives, des aménagements adaptés et une application rigoureuse de la loi.
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Source : Blois Capitale
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