L’illectronisme : un enjeu majeur pour l’inclusion numérique
Publié le
À l’heure où le numérique occupe une place prépondérante dans nos vies personnelles et professionnelles, une partie de la population demeure en difficulté face aux outils et services digitaux. Ce phénomène, appelé illectronisme, touche des millions de personnes en France et constitue un véritable enjeu social.
Qu’est-ce que l’illectronisme ?
L’illectronisme désigne la difficulté ou l’incapacité à utiliser les outils numériques de manière autonome. Ce terme fait écho à l’analphabétisme, mais dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Il concerne autant l’usage d’un ordinateur que la navigation sur Internet, l’utilisation d’une boîte mail ou encore la maîtrise des démarches administratives en ligne.
Un étude de l’INSEE montre qu’en 2021, 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France sont en situation d’illectronisme : 13,9 % n’ont pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois et 1,5 % l’ont utilisé mais ne possèdent pas les compétences numériques de base. L’illectronisme s’accroît nettement avec l’âge : 62 % des 75 ans ou plus, contre seulement 2 % des 15-24 ans. C’est aussi le cas de plus d’une personne de 60 ans ou plus sur trois. Le phénomène est aussi plus répandu parmi les personnes les plus modestes. En outre, 28 % des usagers d’Internet ont des capacités numériques faibles, c’est‑à‑dire qu’ils manquent de compétences dans un, deux ou trois domaines parmi les cinq que sont la recherche d’information, la communication en ligne, l’utilisation de logiciels, la protection de la vie privée et la résolution de problèmes en ligne. La protection de la vie privée est le domaine de compétences le moins maîtrisé, tandis que presque tous les internautes savent communiquer par Internet.
Un phénomène aux multiples causes
L’illectronisme peut être causé par plusieurs facteurs :
- L’âge : les personnes âgées sont souvent plus touchées par ce manque de compétences numériques. N’ayant pas grandi avec ces technologies, elles éprouvent parfois des difficultés à s’adapter aux nouveaux usages.
- Le niveau de formation : un faible niveau d’études peut être un facteur aggravant, car l’acquisition de compétences numériques de base repose souvent sur des connaissances scolaires.
- L’accès limité aux équipements : certaines populations, notamment en milieu rural ou dans les foyers précaires, n’ont pas accès à un ordinateur ou une connexion Internet fiable, ce qui empêche tout apprentissage.
- Le manque de formation et d’accompagnement : l’apprentissage du numérique n’est pas systématiquement intégré dans les parcours éducatifs ou professionnels, laissant certaines personnes sans soutien pour développer ces compétences.
- Les barrières culturelles ou psychologiques : la peur de la technologie, le manque de confiance en soi ou encore la croyance que l’on peut « vivre sans numérique » sont autant de freins à l’apprentissage.
Conséquences et enjeux de l’illectronisme
L’illectronisme peut avoir des répercussions importantes sur la vie quotidienne et l’intégration sociale :
- Difficulté d’accès aux services essentiels : de nombreuses démarches administratives, comme la déclaration d’impôts, l’inscription à Pôle emploi ou la gestion des prestations sociales, sont aujourd’hui entièrement dématérialisées. Les personnes en situation d’illectronisme se retrouvent alors en difficulté pour exercer leurs droits.
- Frein à l’insertion professionnelle : l’utilisation d’outils numériques est devenue incontournable dans la plupart des métiers. Ne pas maîtriser ces compétences peut être un véritable obstacle à la recherche d’emploi ou à l’évolution professionnelle.
- Isolement social : de plus en plus de communications se font par voie numérique, que ce soit par e-mail, messagerie instantanée ou réseaux sociaux. Ne pas savoir utiliser ces outils peut accentuer l’isolement, notamment chez les personnes âgées.
- Exclusion de l’économie numérique : la montée en puissance du commerce en ligne, des paiements dématérialisés et des services numériques bancaires rend plus difficile la participation économique des personnes en situation d’illectronisme.
- Dépendance accrue à l’entourage : faute d’autonomie numérique, certaines personnes doivent continuellement solliciter leur entourage pour effectuer des démarches, ce qui peut être source de frustration et de perte de dignité.
L’utilisation des services en ligne fait désormais partie des gestes courants de la vie quotidienne
Comment lutter contre l’illectronisme ?
Pour lutter contre ce phénomène, plusieurs actions sont envisageables :
- Mise en place de formations spécifiques pour aider les personnes en difficulté à se familiariser avec les outils numériques.
- Accompagnement et tutorat par des aidants numériques ou des structures spécialisées.
- Développement d’interfaces accessibles et simplifiées pour rendre les démarches administratives et les services en ligne plus intuitifs.
- Sensibilisation du grand public à l’importance de l’inclusion numérique et des enjeux de l’illectronisme.
Lutter contre l’illectronisme est un défi majeur pour notre société. L’accès aux compétences numériques est désormais essentiel pour une participation citoyenne active et pour réduire les inégalités face aux nouvelles technologies.
– – – – – – – –