L’extrême droite n’est pas une solution – son histoire et ses positions

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L’extrême droite porte un discours et un projet qui sont contraires à ceux de la CFDT, à ce que nous sommes et ce que nous faisons.

Engagée chaque jour pour les droits des travailleurs, la CFDT combat sans relâche l’extrême droite, qui va à l’encontre des intérêts des salarié·es, des agents et des agentes, des travailleurs et travailleuses indépendantes…

 

L’extrême droite constitue un danger pour notre démocratie

L’extrême droite est un danger pour notre démocratie, comme le prouvent les gouvernements populistes dans le monde entier dès qu’ils sont au pouvoir (baisse des droits des travailleurs et travailleuses et des syndicalistes en Finlande, violence envers les syndicalistes et l’opposition en Italie…). Ce n’est pas un hasard si le RN prend régulièrement en exemple et soutient des dirigeants populistes et/ou d’extrême droite tels Vladimir Poutine, Viktor Orbán ou Giorgia Meloni.

Lorsque Marine Le Pen aborde la question démocratique, elle la réduit généralement à la question du droit de vote, à un rapport direct entre le président de la République et le « peuple », ne laissant aucune place aux corps intermédiaires, aux organisations de la société civile, qui sont tout autant le ciment de notre démocratie, à l’échelle des entreprises et des administrations, départementale, régionale…

L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir nuira sans aucun doute à la capacité d’action des organisations syndicales et à la qualité du dialogue social que nous portons. En effet, le Rassemblement national a pour ambition d’abattre le système de représentativité issu de la loi de 2008. Ce système mesure le poids des organisations syndicales, en fonction des votes des travailleurs et des travailleuses et leur accorde le droit de négocier et signer des accords, en fonction de leurs résultats aux élections professionnelles. Cela participe de leur légitimité à agir et porter la voix des salarié.es et des agents et agentes des fonctions publiques. Pour le RN, il s’agit de permettre à quiconque de créer un « syndicat » indépendamment de l’obligation de respecter les règles républicaines.

Pour « revivifier le dialogue social » comme Marine Le Pen le déclarait sur les ondes le 12 avril 2022, l’ambition du RN est de faire émerger des syndicats « autonomes » dans les entreprises et d’interdire aux organisations jusqu’ici représentatives d’être actrices du dialogue social interprofessionnel ou de branches. Cela revient à supprimer les syndicats existants. La vision du travail par le RN est celle, commune à beaucoup de partis d’extrême droite dans l’histoire (sous le pouvoir mussolinien, dans l’Espagne franquiste et dans la France pétainiste) : à savoir un syndicalisme corporatiste, une notion de « collaboration de classes » entre patrons et ouvriers dans le cadre d’une société soi-disant sans conflits et surtout sans compromis, donc, sans dialogue social. Autrement dit, le patron décide, les syndicats valident.

En résumé, tout cela limiterait la liberté d’expression, la possibilité de donner son avis, de s’exprimer pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens, des travailleurs et des travailleuses.

 

Le Rassemblement national et ses racines néofascistes

Derrière le discours lissé du Rassemblement national de ces dernières années se cachent une histoire et des actes lourds de sens. Le Front national a été créé en 1972, à l’initiative de jeunes néofascistes du mouvement Ordre nouveau, avec à sa tête Jean-Marie Le Pen. Nombre de militants et militantes anciens et actuels du Front national sont issus de groupuscules parfois ultraviolents d’extrême droite dont le GUD (Groupe Union Défense) ou l’association Génération identitaire (dissoute en 2021 en raison de ses actions violentes)…

Depuis l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête, le Front national, devenu Rassemblement national en juin 2018, a entamé une démarche de « dédiabolisation », tout en conservant la flamme dans son logo – qui tire son origine du mouvement fasciste italien fondé par les partisans du dictateur Benito Mussolini, le MSI (Movimento Sociale Italiano).

Marine Le Pen s’inscrit dans la continuité du FN historique, auquel elle a adhéré en 1987. Un engagement qu’elle n’a jamais renié ni regretté publiquement.

Quant à Éric Zemmour, bien qu’il n’ait jamais adhéré au RN, son discours outrancier, raciste et haineux (il a été plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale) ne laisse planer aucun doute sur l’extrémisme de son parti, Reconquête!.

Leur accession au pouvoir, l’élection de nombreux candidats et candidates de leur parti à l’Assemblée nationale entraîneront leur lot de violences racistes, antimusulmanes, antisémites, sexistes, homophobes, antisyndicales… L’agression homophobe qui a eu lieu à Paris au lendemain des résultats des élections européennes en est une triste illustration (lien vers un article de Libération sur le sujet)

 

L’extrême droite : les étrangers restent leur bouc émissaire

Pour l’extrême droite, l’immigration est à l’origine de tous les maux de notre pays. Elle fait un amalgame permanent entre immigration et insécurité, immigration et chômage, immigration et obscurantisme religieux – or aucune étude sérieuse ne valide de tels rapprochements. L’objectif de l’extrême droite est clair : empêcher les étrangers d’entrer en France, hors tourisme.

La CFDT – qui a toujours défendu les droits des travailleurs, qu’ils viennent d’Italie, de Pologne, d’Espagne, du Portugal, du Maghreb, du Vietnam, d’Afrique subsaharienne… –ne peut tolérer une telle vision. Si le propos n’est pas là de défendre les étrangères et étrangers au prisme de leur utilité pour notre société, n’oublions pas que, dans de nombreux secteurs (qualifiés d’essentiels durant la crise Covid…), une part importante de travailleurs et travailleuses est issue de l’immigration (dans la santé, les services, le nettoyage, la sécurité, la restauration…). Nous avons aussi un devoir de solidarité avec des personnes quittant des conditions de vie intenables dans leurs pays respectifs.

 

La préférence nationale, une impasse

La préférence nationale est le cœur idéologique du Rassemblement national, et ce, depuis sa fondation. Concrètement, il s’agit d’attribuer préférentiellement aux Français des emplois, logements sociaux, allocations familiales, aides d’État. Cela signifie donc refuser des logements, des services de soins, des aides comme l’AME (aide médicale d’État) à des personnes qui, comme les autres, travaillent, cotisent, participent par leurs achats à l’économie nationale (la TVA s’applique à tous).

C’est l’application d’un principe de discrimination au sein de la population vivant sur le territoire national en fonction de son origine. Cela est contraire à l’article premier de la Constitution mais aussi à nos valeurs de syndicalistes, nous qui représentons des collectifs de travailleurs quelle que soit leur origine.

 

L’extrême droite : faible avec les forts, dure avec les faibles

Pour l’extrême droite, les minima sociaux et aides publiques pourraient être conditionnés afin de contrôler la vie des personnes en situation de précarité. Concrètement, ce serait supprimer ces aides si un enfant adopte un comportement jugé inadapté à l’école, par exemple. Une telle politique aurait des conséquences dramatiques pour les ménages concernés. Cela entraînerait une exclusion sociale et mettrait en danger parents et enfants, alors qu’un enfant sur quatre vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté en France. A contrario, les députés RN se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée nationale relatif au rétablissement de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) payé par les plus aisés.

 

L’extrême droite : un ennemi pour la cause des femmes

Il suffit de regarder les votes des députés RN au Parlement européen pour avoir la preuve qu’ils ne sont en rien en faveur des femmes : ils se sont abstenus sur la lutte et la prévention des violences faites aux femmes ou encore concernant des mesures favorisant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Au niveau national, ce n’est pas mieux : en 2023, ils ont voté contre une proposition de loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique.

 

L’extrême droite : un long soutien à Vladimir Poutine

Si les candidats d’extrême droite ont commencé à prendre leurs distances avec Poutine après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils ont jusqu’alors justifié et même soutenu la politique antidémocratique de ce dictateur, qui n’aura eu de cesse de museler toute forme d’opposition. Mais leurs votes ne trompent pas : que ce soit à l’échelle nationale ou européenne, ils se sont abstenus lors du vote de mesures d’aide et de solidarité envers l’Ukraine.

 

L’extrême droite est incompatible avec la transition écologique juste

Non, la transition écologique n’est pas punitive ! La pointer comme bouc émissaire, c’est regarder ailleurs et ne pas défendre notre pouvoir d’achat, notre santé et l’emploi.

Le RN oppose les sources d’énergie bas carbone entre elles (entre éolien et nucléaire par exemple). Pourtant, nous avons besoin de toutes les énergies bas-carbone, pour sortir totalement des énergies fossiles et défendre notre pouvoir d’achat. Les prix du gaz fossile, du charbon et du pétrole alimentent l’inflation et seuls les plus riches sont capables de payer leurs factures sans réduire leur qualité de vie. Aussi, le RN propose une baisse de la TVA sur l’électricité, le gaz, le fioul et les carburants, une mesure qui profitera… encore une fois aux plus riches qui sont les plus gros consommateurs.

Le RN critique l’interdiction de production de nouvelles voitures thermiques en s’appuyant sur la crainte des citoyennes et citoyennes concernant l’achat de voiture électrique. Mais nous avons besoin d’électrifier nos voitures pour réduire la pollution, défendre le climat et notre santé. La question n’est donc pas de revenir sur cette interdiction mais d’accompagner les foyers pour y accéder.

Le RN prétend défendre une alimentation de qualité accessible à tous mais dénonce le poids des normes environnementales agricoles. Notre monde se réchauffe, il est donc essentiel d’inciter et d’accompagner les agriculteurs et pêcheurs français à réduire leurs impacts environnementaux et à tenir compte de la biodiversité. Moins de pesticides, des fruits et légumes de saison, … cela permettra de garantir des revenus décents aux agriculteurs et l’accès à tous à une alimentation saine et locale.

Enfin, freiner la transition écologique, c’est priver les entreprises françaises d’opportunités de développement économique et d’emplois sur le territoire ; à l’instar des giga factories développées en Haut de France ou des activités de recyclage batterie en Haute Savoie. De plus, dans toutes ces transformations écologiques aujourd’hui inévitables, le RN ne propose aucune mesure d’accompagnement et de sécurisation des parcours des travailleurs.

 

Le Rassemblement national  : un modèle d’école d’un autre temps

S’il est indéniable que l’école en France traverse une crise, les solutions proposées par le Rassemblement national ne feraient que l’aggraver !

Ils proposent pour les élèves :

  • Un programme scolaire en primaire concentré sur le français, les mathématiques et l’histoire de France telle que la rêve l’extrême droite, et non plus ouverture sur les autres et le monde, les enjeux climatiques, les sciences, les langues, les matières d’avenir comme le numérique…
  • Une orientation précoce et subie des élèves et non plus l’acquisition d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture
  • Des méthodes d’enseignement uniformes et non plus des pédagogies adaptées aux besoins des élèves
  • Le mérite et le travail comme seuls critères d’évaluation et non plus la prise en compte des inégalités sociales et économiques. La volonté sous-jacente étant de mettre fin à l’ascenseur social.
  • La multiplication des sanctions, amendes pour les parents d’élèves, parfois en difficultés et non plus la dimension éducative et proportionnée de la sanction.
  • Les contrôles et sanctions pour les personnels qui remettraient en cause la doctrine de l’extrême droite et non plus l’éducation aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Pour la CFDT, l’école, avec les structures d’éducation populaire, préparent les citoyennes et les citoyens en devenir, qui seront aussi les travailleurs de demain. Elle doit être un lieu d’émancipation, de mixité sociale, d’inclusion des enfants en situation de handicap, de l’ouverture aux autres, du brassage des cultures, de la fraternité, de l’égalité et de l’éducation à la citoyenneté tout au long de la scolarité. Le Rassemblement national prône au contraire un modèle éducatif basé sur la fermeture aux autres et au monde, sur l’autorisé et la sanction. La répression par les sanctions peut exacerber le sentiment de rejet ou de marginalisation des élèves concernés, sans pour autant les aider à surmonter leurs difficultés. Et cela, aux rebours des revendications des personnels enseignants.

 

Le programme du rassemblement national est une attaque contre les travailleurs et les travailleuses

Le rassemblement national : un programme économique qui appauvrira les travailleurs

Pour le RN les richesses créées sont un gâteau dont la taille ne grossira pas. Pour lui, il faut donc exclure les « assistés » (comprendre les pauvres) et les immigrés pour avoir pour être moins nombreux à se partager le gâteau.

C’est faux : nous créons toujours davantage de richesses capables de satisfaire les besoins. Le problème, c’est que les plus riches accaparent la plus grande partie du gâteau. Il ne faut donc pas réduire le partage mais au contraire une meilleure redistribution des richesses créées.

Le programme économique du RN est aussi ultra-libéral. Il réclame moins d’impôts pour les entreprises en baissant les impôts de production qui financent la Sécurité Sociale. Ces impôts qui participent pourtant à avoir un système de santé accessible à tous et à toutes… L’extrême-droite revendique également moins d’impôts sur les successions, alors que les héritages sont déjà largement sous-taxées (75 % sont déjà exonérés d’impôt) : cette mesure bénéficierait exclusivement aux très aisés, au détriment des caisses de l’Etat et la solidarité encore une fois.

En revanche, rien dans le programme du Rassemblement national n’est proposé afin de réduire les inégalités et les écarts de salaires qui pénalisent surtout les femmes. Au contraire, le RN veut baisser les cotisations sociales, ce qui signifie réduire les salaires bruts. Cela se fera au détriment des travailleurs et travailleuses qui ne gagneront pas plus d’argent et perdront des droits (chômage, retraite, accident du travail…). Une politique qui accentuera les inégalités entre celles et ceux qui peuvent faire face aux accidents et événements de la vie et celles et ceux qui ne le peuvent pas.

En résumé, le programme du RN bénéficierait avant tout aux plus riches et surtout à ceux qui vivent de leur capital et non de leur travail. Le RN ne défend pas des mesures « sociales », mais un programme économique clairement libéral orienté contre les intérêts des travailleuses et des travailleurs.

Rassemblement national : le mirage de l’augmentation de 10% des salaires

Le Rassemblement national propose qu’une entreprise qui augmenterait de 10% les salaires, soit exonérée de cotisations patronales sur cette hausse. Cela pendant 5 ans et à chaque fois que l’entreprise augmenterait de 10 % le salaire.

Cette mesure qui peut sembler intéressante pour les travailleurs est un leurre ! Tout d’abord, il faut rappeler ce que le RN semble ignorer : les employeurs bénéficient déjà d’exonérations quasiment totales sur les salaires au niveau du Smic. Ils n’auraient donc aucun intérêt à augmenter les salaires de 10% puisque cela ne leur offrirait aucune baisse de cotisation. Cette mesure n’aurait donc quasiment aucun effet pour les travailleurs les moins bien payés.

Mais surtout, cette proposition est néfaste pour l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. En effet, les exonérations de cotisations sociales sur les salaires produisent des inégalités, et ont un effet négatif sur la politique salariale des entreprises qui bloquent les augmentations de salaire. En effet, plus les entreprises augmentent les salaires, plus la hausse des cotisations est forte : ces exonérations encouragent donc les employeurs à maintenir les salariés dans de bas salaires s’ils ne veulent pas payer (beaucoup) plus de cotisations patronales.

Mais les cotisations sociales, c’est aussi du salaire indirect pour les travailleurs. Les réduire, c’est diminuer les droits futurs au chômage, à la retraite, aux accidents du travail… Par ailleurs, en 2022, il était estimé (par l’institut Montaigne) que la mesure représenterait un manque à gagner pour les recettes de l’Etat et de la Sécurité Sociale compris entre 7 et 10 milliards d’euros dès la première année (s’ajoutant aux 90 milliards d’euros d’exemptions et d’exonérations dont bénéficient déjà les entreprises qui impacte déjà notre système de solidarité). Et le manque à gagner augmenterait avec le temps dès lors que davantage d’entreprises y auraient recours. Ainsi, ce que ne dit pas le RN, c’est que pour compenser ce manque à gagner, il faudra augmenter ou créer de nouveaux impôts : au détriment de qui ? Probablement pas des plus aisés…

Rassemblement national = moins de fonctionnaires et la casse des services publics

Pour faire des économies, le rassemblement national propose de réduire drastiquement les postes administratifs dans les hôpitaux ou à l’Education nationale (-10%). Concrètement cela signifie supprimer des postes considérés comme inutiles pour le RN… et pourtant essentiels au bon déroulement des services publics. Comment un hôpital ou une école pourraient-ils fonctionner sans celles et ceux qui s’occupent des commandes, de la comptabilité, de l’enregistrement des dossiers, … ? Sans ces agent.es efficaces, les soignants risqueraient d’être débordés par des tâches supplémentaires à leurs missions, ce qui nuirait à la qualité du service rendu. De plus, et cela le RN le cache bien, cela pourrait se traduire par le recours à des prestations privées, augmentant alors le coût de ces missions qui ne peuvent être supprimées. Cela entraînera indéniablement des conséquences négatives sur le fonctionnement, le coût et la qualité des services publics, qui sont l’un des piliers de notre solidarité et notre vivre ensemble.

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Pour aller plus loin :

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