Les trois piliers d’un rendez-vous retraites réussi
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Par Yvan Ricordeau
La réforme des retraites est remise en chantier. La CFDT l’a affirmé aussitôt : c’est une opportunité. Depuis deux ans et demi, c’est-à-dire depuis le début des consultations avec le gouvernement Borne, il n’a jamais été possible de négocier les bons points d’équilibre de cette réforme. C’est tout l’enjeu de la séquence qui s’ouvre. Pour y arriver, il existe, selon la CFDT, trois piliers incontournables.
Premier pilier : la justice sociale
Les évolutions à apporter au système de retraites doivent être justes. C’est le motif principal de l’opposition de la CFDT à la réforme de 2023. Le report de l’âge légal de départ fait reposer la facture sur ceux qui entrent les premiers sur le marché du travail et exonère de tout effort ceux qui font des études plus longues. Infléchir ce choix implique de remettre de la justice sociale dans l’évolution du système. C’est ce qui fonde nos revendications, afin de mieux prendre en compte la pénibilité au travail et les droits des femmes.
Deuxième pilier : l’équilibre
En miroir à ces modifications de la précédente réforme, il conviendra également de faire des choix équilibrés. La CFDT n’a jamais nié qu’il y avait une question financière qui était posée. Elle ne l’a jamais dramatisée non plus. Le rapport de la Cour des comptes vient de confirmer ce que le Conseil d’orientation des retraites avait déjà projeté : il y a un effort budgétaire de l’ordre de 0,2 % du PIB à effectuer à l’horizon 2030. Il faut répondre à cette question ; les retraites par répartition reposent sur un contrat de confiance entre les générations de travailleurs : la pérennité du système nécessite son équilibre financier.
Troisième pilier : la responsabilité
Les réformes brutales et par à-coups ont été dictées par un horizon politique de court terme. Il convient de montrer aux électeurs que toute réforme règle définitivement la question pour toujours… ce qui, évidemment, ne fonctionne jamais ! En ouvrant un cycle inédit de négociation au sujet des retraites, les partenaires sociaux ont l’opportunité de montrer que la méthode de pilotage robuste des retraites complémentaires pourrait largement inspirer les autres régimes. Il va falloir que le patronat s’inscrive dans la démarche pour y arriver.
Trois mois de discussions sur les retraites seront bien nécessaires afin de construire ces trois piliers. La CFDT ne claquera aucune porte de la négociation mais poussera toutes ses revendications pour aboutir à des progrès tangibles pour les travailleurs.
Par Yvan Ricordeau
secrétaire général adjoint de la CFDT
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D’après l’article initialement publié par Syndicalisme Hebdo
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