Les sympathisants des syndicats ont moins voté RN qu’aux européennes

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Dans le cadre du 1er tour des élections législatives de 2024, l’institut Toluna Harris Interactive a réalisé ce dimanche 30 juin une enquête afin de comprendre et caractériser le vote des électeurs. Pour AEF info, Toluna Harris Interactive a analysé le vote au regard de la proximité syndicale.

Enquête réalisée en ligne le 30 juin 2024. Échantillon de 6081 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 5276 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région de l’interviewé(e) et vote aux élections antérieures.

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Les candidats RN au 1er tour de l’élection législative de 2024 n’ont obtenu que 19 % des voix des électeurs se déclarant proches d’au moins un syndicat (-4 points par rapport aux européennes) selon le sondage effectué par l’institut Toluna Harris interactive pour l’AEF [1]. Alors que dans le même temps le score du Nouveau Front Populaire (NFP), s’élève à 42 % des suffrages et celui des candidats de la majorité présidentielle placés sous la dénomination « Ensemble pour la République » à 18 % des voix. Ces résultats marquent un net décalage avec le vote de ceux qui déclarent ne pas être proches d’un syndicat qui accordent 37 % aux candidats RN et seulement 21 % pour le NFP.

Le NFP en « pole position » pratiquement pour tous les proches d’un syndicat

À l’exception de la CFE-CGC qui place la majorité présidentielle en première place, les proches des syndicats ont mis les candidats NFP en première position. Il existe toutefois des différences sensibles entre les syndicats de l’axe CGT-FSU-Solidaires et les autres. Par contre le RN arrive en deuxième position chez les sympathisants CGT, FO, CFE-CGC, UNSA et Solidaires.

La CFDT donne l’avantage au NFP devant Ensemble pour la République

Les sympathisants de la première organisation syndicale française ont placé en tête de leurs votes les candidats NFP avec 35 %. Ceux de la majorité présidentielle obtiennent 29 % des suffrages, plus qu’aux européennes (21 %) mais nettement moins qu’à la présidentielle de 2022 (44 %). Le RN recueille 17 % des voix en net recul par rapport aux européennes (-5 pts) et sensiblement au même niveau que pour la présidentielle. Les appels de la CFDT, seule ou avec d’autres organisations, au refus de l’extrême droite paraît avoir porté, cette fois-ci, auprès de ses sympathisants.

La CGT engagée auprès du Nouveau Front Populaire

61 % des sympathisants CGT ont voté NFP. L’appel explicite de cette organisation en faveur du rassemblement de la gauche, une première depuis très longtemps, semble avoir été entendu. De même qu’à la CFDT les appels au refus de l’extrême droite ont été suivis d’effet. Le RN obtient 19 % des voix (-5 pts par rapport aux européennes). Les candidats Ensemble pour la République recueillent 18 % des suffrages sensiblement plus qu’aux européennes (4 % seulement) et qu’à la dernière présidentielle (12 %).

FO toujours sous pression d’un vote RN important

Même si le RN n’arrive que deuxième chez les sympathisants FO, le niveau des votes pour le parti d’extrême droite reste très élevé (27 %), en recul toutefois de 7 points par rapport aux élections européennes. Le NFP obtient 37 % des suffrages et la majorité présidentielle 16 % (10 pts de plus qu’aux européennes).

Ensemble pour la République, en tête chez les sympathisants CFE-CGC

Comme pour les européennes, les sympathisants CFE-CGC ont voté d’abord en faveur des candidats de la majorité présidentielle avec 38 % des suffrages, loin devant le RN avec 17 % (-1 pt par rapport aux européennes) juste devant les candidats Les Républicains (15 %). Le moins que l’on puisse dire, c’est que les candidats NFP n’ont pas convaincu les sympathisants CFE-CGC (11 %).

Les proches de la CFTC très partagés entre NFP, Ensemble pour la République et RN

Le NFP arrive en tête avec 26 % des suffrages juste devant la majorité présidentielle qui en recueille 25 % mais aussi le RN avec 23 %. Ce dernier fait nettement mieux cette fois-ci qu’aux européennes (+7 pts) mais moins qu’à la présidentielle de 2022 (-6 pts).

Pour l’UNSA, le vote de ses sympathisants pour le RN se confirme

Inquiétant pour une organisation qui avait explicitement appelé à ne pas voter pour l’extrême droite, les sympathisants de l’UNSA ont voté à 26 % pour le RN. C’est plus encore que pour les européennes (+5 pts) et 7 pts de plus que pour la présidentielle de 2022. L’UNSA met toutefois le Nouveau Front Populaire en tête avec 32 % des suffrages et 19 % pour la majorité présidentielle.

Le NFP plébiscité par la FSU

Plus encore que la CGT, les sympathisants FSU ont voté à 76 % pour le NFP contre 14 % pour Ensemble pour la République. Ceux-ci, cette fois-ci, ont plus clairement rejeté le RN puisqu’il n’obtient que 4 % des suffrages alors qu’il avait recueilli 19 % aux européennes.

Solidaires majoritairement pour le NFP

Comme la CGT et la FSU, les sympathisants de Solidaires ont privilégié le NFP (52 %) mais le RN obtient 17 %. La majorité présidentielle est reléguée à la troisième place avec 6 % des voix seulement.

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En conclusion

Mis à part pour les sympathisants UNSA, l’appel commun de la CFDT, la CGT, Solidaires, l’UNSA et la FSU a été entendu par les électeurs qui ont nettement infléchi à la baisse le vote pour l’extrême droite. Celui-ci reste toutefois encore globalement très élevé surtout chez les sympathisants des organisations qui n’ont pas voulu prendre position clairement contre le RN.

En ce qui concerne le vote pour le Nouveau Front Populaire, on peut aussi constater qu’il est plus fort chez les organisations syndicales les plus radicales (CGT, FSU, Solidaires) et manifestement plus modéré chez les sympathisants des syndicats réformistes, probablement plus soucieux des équilibres économiques.

Le recul des votes des sympathisants des organisations syndicales envers la majorité présidentielle semble être la conséquence d’une politique qui a été vécue comme plus favorable aux entreprises et aux catégories aisées. Le conflit des retraites a d’autre part certainement joué un rôle essentiel dans la désaffection de cet électorat.

Le décalage entre le vote des sympathisants syndicaux et ceux qui se déclarent éloignés de toutes organisations syndicales notamment chez les ouvriers et employés interroge. Un véritable défi pour les organisations syndicales.

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D’après l’article initialement publié par Les Clés du social
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(1) Enquête réalisée en ligne tout au long de la journée électorale du 30 juin 2024. Échantillon de 6081 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 5276 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge,catégorie socio professionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e). Les chiffres présentés sont exprimés en pourcentage.