Le gouvernement desserre (un peu) le calendrier

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Le 21 mai, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, recevait les organisations syndicales en multilatérale dans le cadre de la concertation autour du projet de loi “pour l’efficacité de la fonction publique”. Il a annoncé la prolongation de la concertation jusqu’en juillet. La CFDT Fonctions publiques a profité de ce rendez-vous pour (re)mettre ses propositions sur la table et redire son opposition.

La réunion n’affichait pas complet. Seules la CFDT, l’Unsa, la CFE-CGC et la FA-FP s’étaient déplacées pour cette « réunion de synthèse » qui se tenait après un premier round de bilatérales. Mais pas question de jouer la politique de la chaise vide. La CFDT Fonctions publiques le sait : « Le gouvernement ne reviendra pas sur son idée d’un projet de loi. Nous nous inscrivons dans ce cadre contraint et imposé, avec lequel nous sommes en profond désaccord. Et nous profiterons de chaque occasion pour le redire. »

Elle n’a donc pas manqué de le faire le 21 mai dernier. « Vous vous contentez d’un discours idéologique sur la fonction publique. Il faut arrêter le mépris sur le quotidien du travail des agents, qui méritent mieux que des stigmatisations médiatiques, a redit Mylène Jacquot au ministre Stanislas Guerini. Les débats sur le mérite et les catégories exigent de l’écoute et ne doivent pas se résumer à des échanges d’avis. Sur ce sujet, le problème réel dont vous ne parlez pas, ce sont les contraintes budgétaires. Ce sont ces contraintes qui pèsent aujourd’hui sur les rémunérations et sur les carrières, pas les catégories. »

Un fléchissement dans le discours…

Quelques jours plus tôt, une contribution de 14 pages répondant point par point aux six grands axes de travail proposés par le gouvernement avait été remise au ministre. Recrutement, logement, prise en compte de l’expérience ou encore rémunération… : on y retrouve des dizaines de propositions pour une fonction publique « attractive » – plutôt que de parler d’« efficacité », terme choisi par le ministre.

Un point crispe particulièrement les agents et les organisations syndicales représentatives : la suppression des catégories A, B et C. Reçu par l’Ajis (Association des journalistes de l’information sociale), le 23 mai dernier, le ministre a redit son ambition sur le sujet : « Inscrire les discussions dans un cadre statutaire que je souhaite faire bouger tout en conservant les fondamentaux. Ce n’est pas un totem. Nous avons besoin d’un système où les agents publics ont la capacité de se situer, d’avoir des repères. »

Concernant « la levée du tabou des licenciements », qui avait suscité l’ire de la CFDT Fonctions publiques, le gouvernement acte « de fortes divergences » avec les syndicats mais semble faire évoluer son discours. Dans le document transmis aux organisations, il évoque « une réponse plus graduée qui pourrait être mise en place en cas d’insuffisance professionnelle ». Donc acte. En attendant la suite, la CFDT Fonctions publiques précise, à toutes fins utiles, qu’il « est de la responsabilité de l’employeur de permettre le développement des compétences par la formation et de mettre en place les mesures d’accompagnement pour qu’un agent puisse faire face à ses missions ».

… et quelques semaines de sursis

Bien que le gouvernement semble à l’heure actuelle camper sur ses positions, il a néanmoins accepté de détendre le calendrier. Initialement prévue pour s’achever le 20 juin, la concertation bénéficiera d’un sursis. Le ministre a annoncé qu’il voulait « donner le temps à la concertation, pour qu’elle soit la plus transparente et sincère possible » et qu’une réunion multilatérale se tiendrait en juillet. D’ici là, un second cycle de rencontres bilatérales sera organisé.

Guillaume Lefèvre
Journaliste

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D’après l’article initialement publié par Syndicalisme-Hebdo
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Pour mémoire :

La CFDT-Fonctions publiques ferme sur le maintien des catégories

Projet de loi fonction publique : la CFDT fait ses premières propositions

La fonction publique dans le collimateur

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