Le gouvernement abandonne le plan vélo
Publié leBudget 2025 : le plan vélo à deux milliards d’euros remisé aux oubliettes !
En 2023, sur notre site, nous vous proposions un article intitulé : « 2 milliards d’euros d’investissement prévus d’ici 2027 : le gouvernement dévoile son plan vélo« . Terminé !
Après un gel des crédits en 2024 (250 millions d’euros), le projet de budget 2025 du gouvernement français prévoit une réduction significative de 23 % des crédits alloués à la sécurité routière, accompagnée de l’abandon du plan vélo, qui représentait un investissement de 304 millions d’euros destiné à la création de pistes cyclables. Ce choix intervient dans un contexte où la sécurité des cyclistes est plus que jamais d’actualité, notamment après la mort tragique d’un cycliste à Paris en octobre. Malgré les préoccupations exprimées, aucune déclaration officielle n’a été faite pour justifier cette décision controversée.
Christine Arrighi, rapporteuse spéciale sur les transports, a tenté de faire annuler cette décision en proposant plusieurs amendements au sein de l’Assemblée nationale, soutenue par des députés socialistes et insoumis. Malheureusement, tous ces amendements ont été rejetés, notamment par le soutien au gouvernement du Rassemblement National , ce qui a provoqué l’indignation de nombreux élus, dont la députée écologiste qui a qualifié cette situation de « scandale absolu ». Elle a rappelé que les promesses d’un plan vélo à 2 milliards d’euros faites par la Première ministre Élisabeth Borne en 2023 semblent désormais illusoires, remettant en question la crédibilité du discours politique.
Ironiquement, alors que le ministre des Transports, François Durovray, vantait les efforts de l’État pour soutenir la pratique du vélo, le plan vélo était en réalité en train d’être abandonné. L’exécutif justifie cette décision en affirmant que le financement des pistes cyclables relève désormais des collectivités locales, qui se trouvent elles-mêmes en difficulté financière. Les départements, souvent en première ligne pour les investissements en infrastructures, sont en crise et ne disposent plus des ressources nécessaires pour compenser la perte des crédits d’État.
Cela « compromet la réalisation de projets à long terme et prive les collectivités de la visibilité nécessaire pour planifier et investir durablement dans les mobilités actives », écrit la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette). L’association qui déplorait déjà que « plus de 400 projets d’aménagements sécurisés sont aujourd’hui gelés en France à la suite de la décision du gouvernement de suspendre les crédits 2024 alloués au fonds mobilités actives ».
En parallèle, la sécurité routière subira également une réduction de 26 millions d’euros, un fait préoccupant alors que les associations de cyclistes appellent à une meilleure prise en compte des dangers auxquels ils font face sur les routes. Le sentiment d’insécurité à vélo est particulièrement marqué en France, où seulement 59 % des cyclistes se sentent en sécurité, contre 93 % aux Pays-Bas.
Les statistiques sont alarmantes : le nombre de cyclistes tués sur les routes a augmenté de près de 20 % entre 2019 et 2023, avec 221 décès enregistrés cette année-là. Ce constat renforce l’urgence d’une réévaluation des priorités budgétaires en matière de sécurité routière et d’aménagement urbain. Thierry Sother, député socialiste, souligne la nécessité de trouver un équilibre entre les différents usagers de la route, notamment à Strasbourg, où le nombre de cyclistes a explosé ces dernières années.
Malgré l’adoption du budget, des débats parlementaires se poursuivent, et des amendements visant à rétablir le plan vélo pourraient encore être proposés. Des chercheurs estiment que la conversion de 2,5 millions d’automobilistes au vélo pourrait non seulement améliorer la santé publique, mais également générer des bénéfices économiques considérables, soulignant l’ironie de la situation actuelle.
En conclusion, l’abandon du plan vélo qui résulte de calculs économiques court-termistes, représente une opportunité manquée pour renforcer la sécurité des cyclistes et promouvoir des modes de transport plus durables, alors que la France s’engage vers une transition écologique nécessaire pour atteindre ses objectifs climatiques.
Source : 20 minutes – Le Parisien
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Lettre ouverte :
« La suppression pure et simple d’une politique publique prometteuse, efficace et nécessaire est juste totalement inacceptable« , ont lancé l’association Vélo et Territoires et le Club des villes et territoires cyclables et marchables (CVTCM), qui réunissent des communes, départements et régions, dans une lettre ouverte adressée au gouvernement le 6 novembre.
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Pour mémoire :
Ci-dessous et en pièces jointes, vous trouverez les cartes du schéma national des véloroutes, publiées par Vélo & Territoires en 2023.
- Schéma National des véloroutes (carte version 2023)
- Schémas Régionaux des véloroutes (cartes version 2023)
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