“L’avenir de la fonction publique ne peut passer par une loi conflictuelle”

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Le 16 octobre, la CFDT Fonctions publiques a été reçue en bilatérale par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP). Elle a réaffirmé la nécessité d’agir sur le pouvoir d’achat et déplore la suppression de la GIPA.

Depuis que le projet d’agenda social a été transmis aux organisations syndicales par les services du ministre Guillaume Kasbarian, le 11 octobre dernier, la circonspection prévaut dans les rangs de la CFDT Fonctions publiques. Le rendez-vous dans les locaux de la DGAFP qui s’est tenu quelques jours plus tard n’aura pas permis de lever les inquiétudes suscitées par la première lecture du document. « À l’heure actuelle, l’agenda social ne répond pas aux enjeux et aux défis qui attendent les fonctions publiques », résume Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, qui déplore qu’aucune référence ne soit jamais faite au mot « négociation ». Un mauvais signal… et ce n’est pas le seul.

Négocier pour apporter des réponses partagées

Car le projet de loi « pour l’efficacité de la fonction publique » – lancé sous l’impulsion du précédent gouvernement – reste inscrit à l’ordre du jour, malgré les réticences qu’il suscite. « L’avenir de la fonction publique ne peut passer par une loi conflictuelle. La négociation est la seule manière de pouvoir apporter des réponses partagées sur la plupart des sujets ; sur d’autres, ce doit être a minima une concertation transparente et loyale. »

Au total, dix thématiques devraient être abordées dans les semaines et les mois à venir. On y retrouve pêle-mêle l’organisation et la qualité de vie au travail (dont le temps de travail), la simplification des normes ou le plan santé au travail. Un chantier attractivité, parcours et carrière (incluant la suppression de la GIPA (Garantie individuelle de pouvoir d’achat)) est également à l’ordre du jour. Le grand absent de ce projet reste la transition écologique. D’autant plus que le Premier ministre, Michel Barnier, faisait prétendument de ce sujet une priorité lors de son discours de politique générale. « Nous avons une expertise et des revendications dans ce domaine », affirme Mylène Jacquot.

Les plus bas salaires sévèrement impactés

De son côté, la DGAFP confirme la volonté du gouvernement de ne pas verser la Gipa, dispositif visant à compenser la perte de pouvoir d’achat des agents lorsque l’évolution de leur rémunération est inférieure à l’inflation. « C’est une décision inacceptable qui va frapper de plein fouet le pouvoir d’achat des plus bas salaires », réagit la CFDT. Une telle annonce se révèle d’autant plus incompréhensible que, comme le révélait l’Insee le mois dernier, la rémunération nette moyenne des agents publics a diminué de près de 2 % tandis que l’inflation a bondi (5,2 % en 2022 et 1,6 % en 2021).

Alors qu’une année blanche pour 2024 en matière de salaires ne fait plus de doute et que les perspectives semblent sombres pour 2025, la CFDT Fonctions publiques réaffirme l’urgence de prendre des mesures générales et d’obtenir une négociation annuelle obligatoire. « Il est grand temps de discuter ensemble des priorités des politiques publiques pour y mettre en face les moyens financiers et humains les plus adaptés. Nous sommes prêts à le faire dans le cadre de négociations, tout en gardant à l’esprit les contraintes budgétaires que nous connaissons. »

Le calendrier des discussions

Selon le calendrier qui a été remis aux organisations syndicales, les premières discussions devraient commencer le 7 novembre autour de l’organisation du travail, des conditions et de l’environnement de travail. Celles sur le projet de loi fonction publique sont fixées au 12 novembre. L’égalité professionnelle (le 14 novembre) précédera les échanges autour de la problématique du logement (le 19 novembre).

Par Guillaume Lefèvre
Journaliste

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D’après l’article initialement publié par Syndicalisme Hebdo
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