La circulation inter-files des deux-roues désormais légalisée en France
Publié leUn décret, paru le 10 janvier 2025, relatif aux règles de la circulation en inter-files (CIF) pour certains véhicules à deux ou trois roues motorisés vient donner un cadre réglementaire pour sa généralisation après une expérimentation dans une vingtaine de départements.
1. Contexte et généralisation de la pratique
La circulation inter-files (CIF), qui permet aux deux et trois-roues motorisés de circuler entre les véhicules lorsque le trafic est ralenti ou à l’arrêt, est désormais légalisée en France. Cette mesure, qui entre en vigueur en janvier 2025, met fin à une période d’expérimentation encadrée depuis 2016 dans plusieurs départements.
Cette décision fait donc suite à une longue période d’observation et d’évaluation. Depuis 2016, en deux phases d’expérimentation (2016-2021 et 2021-2024) ont été menées dans différents départements français, permettant de collecter des données précieuses sur la sécurité et l’efficacité de cette pratique. Le dernier rapport-étude du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a joué un rôle crucial dans cette décision, mettant en évidence que la CIF n’entraînait pas d’augmentation significative de la mortalité routière, à condition de respecter des règles strictes, notamment en matière de vitesse.
2. Conditions d’application
Selon le décret n°2025-33 du 9 janvier 2025, la circulation inter-files est désormais autorisée :
- Sur les autoroutes et routes à chaussées séparées par un terre-plein central, dotées d’au moins deux voies de circulation dans le même sens.
- Sur les axes où la vitesse maximale est comprise entre 70 km/h et 130 km/h.
- Sur les voies où la vitesse a été temporairement réduite, comme le périphérique parisien (limité à 50 km/h).
3. Règles de sécurité imposées
Pour garantir une pratique sécurisée, plusieurs restrictions sont mises en place :
- Vitesse limitée à 50 km/h, et 30 km/h si une file est à l’arrêt.
- Écart de vitesse avec les autres véhicules ne devant pas excéder 30 km/h.
- Interdiction de forcer le passage, de rouler sur les bandes d’arrêt d’urgence, ou de circuler en inter-file lorsque le trafic redevient fluide.
- Obligation pour les motards de reprendre leur place dans la circulation lorsque les conditions ne permettent plus la CIF en toute sécurité.
4. Sanctions en cas d’infraction
Le non-respect des règles entraîne une contravention de 4e classe :
- Amende de 135 €.
- Retrait de 3 points sur le permis de conduire.
- Possibilité de vidéo-verbalisation pour constater les infractions.
5. Réactions et enjeux
Les associations de motards, comme la FFMC (Fédération Française des Motards en Colère), saluent cette mesure, estimant qu’elle apporte plus de clarté et de sécurité à une pratique de longue date. Elles soulignent que la CIF améliore la fluidité du trafic et limite l’exposition des deux-roues aux dangers des embouteillages.
Toutefois, la Sécurité Routière rappelle que cette autorisation n’est pas un passe-droit, mais un encadrement destiné à prévenir les accidents. Les conducteurs de deux-roues sont donc appelés à faire preuve de responsabilité, tandis que les automobilistes doivent adopter une attitude plus vigilante pour « partager la route » intelligemment.
En conclusion, la légalisation de la circulation inter-files constitue une avancée pour les motards, mais impose des règles strictes pour garantir la sécurité de tous les usagers.
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