En dix ans, le nombre de contractuels dans la fonction publique a explosé
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Entre 2011 et 2021, la part de l’emploi contractuel est passée de 17 à 22 %, d’après une note de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) parue le 23 janvier. Conséquence immédiate, la probabilité de se maintenir dans la fonction publique cinq après y être entré est plus faible. Cette situation inquiète la CFDT Fonctions publiques.
En décembre 2022, la France comptait 5 696 000 agents publics, et 1 258 000 d’entre eux avaient le statut de contractuel, soit 22 % des effectifs totaux. Dix ans plus tôt, la part de l’emploi contractuel n’était que de 17 %. Pour être plus précis, il faudrait même parler de « contractuelles », puisque près de sept contractuels sur dix sont des femmes (69 %). Dans l’hospitalière, ce ratio atteint même 78 % (alors que c’est 68 % dans la fonction publique de l’État et 66 % dans la territoriale). Il n’est pas inutile de rappeler que les femmes représentent 63 % du nombre total des agents publics.
Cette « explosion », la CFDT Fonctions publiques la pressentait, et la DGAFP, dans une note récente, vient d’ailleurs de la confirmer dans les trois versants. C’est la fonction publique de l’État qui arrive en tête, avec une progression de 45,9 % du nombre de contractuels et une baisse de 2,1 % du nombre de fonctionnaires. Les contractuels représentent désormais 21 % des effectifs totaux, contre 15 % dix ans plus tôt. Deuxième du « classement », la fonction publique hospitalière (+ 39,2 % et – 1,5 %), pour atteindre 22 % des effectifs (17,5 % en 2011). Dans la fonction publique territoriale enfin, le nombre de contractuels a augmenté de manière beaucoup plus soutenue que celui des fonctionnaires pendant la décennie (+ 26,1 % contre + 1,6 %). Ils représentent ainsi 23 % des agents (contre 20 % en 2011).
Un taux de maintien dans l’emploi public en baisse
Cette précarisation est confirmée par l’analyse des données de la DGAFP : entre 2011 et 2021, le taux de maintien dans l’emploi public pour les agents qui y étaient entrés cinq ans plus tôt a diminué. Ainsi, 63 % des agents embauchés en 2011 étaient toujours dans les effectifs en 2016 ; ils n’étaient que 61 % en 2016 à toujours être présents en 2022, soit une baisse de 2 points. Dans la territoriale, le taux de maintien dans l’emploi a même décrû de 5 points (64 % en 2011 contre 59 % en 2022). Tous ces changements ne sont ni ne seront sans conséquences à court et moyen terme. « D’un côté, il y a une perte du savoir-faire et de l’expérience qui va nuire à la continuité de la qualité des missions de service public ; de l’autre, cette situation fait peser un risque sur le parcours des contractuels, qui rencontrent de plus en plus de difficultés à décrocher un emploi titulaire », alerte Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.
Par Guillaume Lefèvre
Journaliste
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