Eclairage économique : combien de milliards d’aides publiques aux entreprises ?

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Cette note documente les politiques en faveur des entreprises. Les aides aux entreprises représentent le premier des budgets de l’Etat. Pour sortir de l’accoutumance et de la dépendance du système productif à ces aides, la conditionnalité semble être une voie. Quelle est l’ampleur des politiques en faveur des entreprises ? Quels sont les effets de ces politiques ? Avant de répondre à ces questions, des constats s’imposent : quelles entreprises ont des profits (plus ou moins importants) et lesquelles paient des impôts

Qu’est-ce que le taux de marge et comment évolue-t-il ?

La somme des valeurs ajoutées créées pendant un an dans un pays, c’est le PIB. Ce PIB se décompose entre les salaires et les profits. La part des profits représente la rémunération du capital, tandis que la part des salaires représente la rémunération du travail. Le taux de marge représente la part des profits dans la valeur ajoutée.

En moyenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le taux de marge est de 30,4 %. Dit grossièrement, la richesse est répartie entre un tiers de profits et deux tiers de salaires, de manière relativement constante dans les économies avancées. Néanmoins, cette répartition peut évoluer : 1 point de déformation du partage de la valeur représente une somme très importante.

En 2024, le taux de marge devrait atteindre 32,8 % en moyenne, soit 1,4 point au-dessus de sa moyenne de long terme. Avec la pandémie et la forte inflation (évolution des salaires inférieure à l’inflation), il y a eu une déformation du partage de la valeur au détriment des travailleurs. Cela signifie qu’il y a globalement des marges de manœuvre importantes pour rééquilibrer le partage de la valeur vers sa tendance historique et cela passe par une nécessaire croissance des salaires.

Position de la CFDT sur la conditionnalité des aides publiques aux entreprises

Les aides publiques aux entreprises sont des deniers publics. Il est donc nécessaire de contrôler leur bon usage. Elles doivent servir l’intérêt général (emplois de qualité, montée en compétences et formation des salariés, investissement dans la pérennité de l’activité, transition écologique juste, etc.)

Exonérations générales de cotisations sociales :

–          À l’échelle des branches, conditionner le bénéfice des exonérations générales de cotisations sociales au respect de la conformité au SMIC des minima de branches, ainsi qu’à l’obligation périodique de réexamen des classifications (tous les cinq ans). En cas de non-conformité persistante des minima de branche, les exonérations seraient suspendues jusqu’à régularisation de la branche. Il s’agit des exonérations situées entre 1 Smic à 1,6 Smic. Pour la CFDT, l’objectif est d’inciter à la négociation de branche sur les salaires et les classifications.

–          A l’échelle des entreprises, suppression automatique des exonérations de cotisations sociales pour les travailleuses et travailleurs maintenus au niveau du SMIC au-delà de deux ans, afin de peser pour de réelles perspectives d’évolution de carrière. Sont visées les exonérations au niveau du Smic.

Autres aides publiques aux entreprises : un contrôle social des fonds publics et des garanties d’efficacité avec deux étages complémentaires :

–          Premier niveau : les aides publiques doivent être conditionnées en amont à des objectifs d’amélioration des pratiques sociales et environnementales. Sur la base de l’obligation du bilan des émissions de gaz à effet de serre qui doit être généralisé à toutes les entreprises bénéficiant de fonds publics (à l’instar de ce qui a été fait dans le cadre de France Relance), l’entreprise doit négocier un plan de transformation, qui organise et séquence dans le temps les chantiers pour mettre en œuvre les transformations nécessaires à l’amélioration du BEGES (technologiques, organisationnelles, en matière d’emploi et de compétences, d’organisation et de condition de travail, etc.) en s’appuyant sur les temps de dialogue social, comme le prévoit l’ANI Transition écologique et dialogue social. À défaut d’accord, ce plan doit être soumis à l’avis conforme du CSE.

–          Second niveau : le contrôle social sur l’usage des aides publiques aux entreprises doit être confié au CSE. Pour ce faire, le CSE doit disposer d’un droit d’alerte auprès des autorités compétentes (DREETS et DREAL) lorsque l’entreprise ne tient pas les engagements qu’elle a pris en matière de transformation. L’objectif est de pouvoir l’accompagner pour corriger la trajectoire. En cas de manquements répétés, l’entreprise serait sanctionnée à verser un montant proportionnel à sa masse salariale, afin de compenser l’inefficience de l’usage des deniers publics.

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Principale documentation sur les aides publiques aux entreprises

Assemblée nationale (2023) : mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale sur le contrôle de l’efficacité des exonérations de cotisations sociales, présenté par Marc Ferracci et Jérôme Guedj, commission des affaires sociales, https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/mecss/l16b1685_rapport-information#

Commissariat Général du Plan (2003) : Les aides publiques aux entreprises : une gouvernance, une stratégie, https://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/034000643.pdf

Commission nationale d’évaluation des politiques d’innovation (2021) : Évaluation du crédit d’impôt recherche, https://www.strategie.gouv.fr/publications/evaluation-credit-dimpot-recherche-rapport-cnepi-2021

Conseil d’orientation pour l’emploi (2006) : Rapport au premier ministre relatif aux aides publiques, https://www.vie-publique.fr/files/rapport/pdf/064000181.pdf

Conseil d’orientation pour l’emploi (2013) : Les aides publiques aux entreprises en faveur de l’emploi : évaluation des principaux dispositifs, https://www.strategie.gouv.fr/publications/aides-publiques-aux-entreprises-faveur-de-lemploi

Conseil des prélèvements obligatoires (2010) : Entreprises et niches fiscales et sociales, des dispositifs dérogatoires nombreux, https://www.ccomptes.fr/fr/publications/entreprises-et-niches-fiscales-et-sociales

France Stratégie (2021) : Évaluation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Synthèse des travaux d’approfondissement, https://www.strategie.gouv.fr/publications/evaluation-credit-dimpot-competitivite-lemploi-synthese-travaux-dapprofondissement

France Stratégie (2020) : Les politiques industrielles en France – évolutions et comparaisons internationales, https://www.strategie.gouv.fr/publications/politiques-industrielles-france-evolutions-comparaisons-internationales

Inspection générale des Finances (2011), Rapport du comité d’évaluation des dépenses fiscales et des niches sociales, https://www.economie.gouv.fr/files/rapport-comite-evaluation-depenses-fiscales-et-niches-sociales.pdf

Ministère des finances (2023) : Projet de loi de Finances 2024, https://www.budget.gouv.fr/documentation/documents-budgetaires/exercice-2024/le-projet-de-loi-de-finances-et-les-documents-annexes-pour-2024

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