Budget 2025 : l’austérité au risque d’une plus grande dégradation des services publics
Publié leLes informations diffusées au cours de l’été, notamment par les « lettres plafonds » envoyées par Gabriel Attal, indiquent clairement que le budget 2025 sera marqué par l’austérité. L’envoi de ces lettres plafonds par le 1er ministre démissionnaire (voir notre article du 27-08-24), en plus de la question de la légitimité du processus, pose des questions sur l’impact de cette austérité sur les services publics.
Nécessité discutable de l’austérité
La préparation du budget 2025, dirigée par un gouvernement démissionnaire favorable à l’austérité, aura des conséquences importantes sur la politique économique de l’année. Bien que ce gouvernement ne puisse plus légiférer ou prendre de nouveaux décrets, il a néanmoins conduit la préparation du budget, limitant ainsi les options du futur gouvernement. Les critiques se concentrent sur le caractère non nécessaire et potentiellement nuisible de l’austérité. En effet, le déficit budgétaire de 2024 a été principalement causé par une baisse des recettes plutôt qu’une hausse des dépenses. Selon l’Insee, le déficit a augmenté en raison d’une diminution de 2 % des recettes, alors que les dépenses ont baissé de 1,5 % du PIB. Une gestion budgétaire rigoureuse devrait se concentrer sur la recherche de financements pour les dépenses publiques essentielles plutôt que d’imposer de nouvelles coupes budgétaires.
Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), les économies avancées avaient, en 2022, une dette publique moyenne de 112,5 % de leur produit intérieur brut (PIB). La France, dans la moyenne avec 112,5 %, reste solvable et se finance sans difficulté : sa dette, comme celle, bien plus élevée (261 %), du Japon, est considérée comme de haute qualité. La trajectoire de la dette ne commande en rien un tel désinvestissement public, d’autant que la dette publique n’est pas qu’un passif : elle construit des actifs (infrastructures, participations, etc.) dont la valeur, selon l’Insee (145 % du PIB), est largement supérieure au passif. (Cf laTribune: « Une austérité budgétaire à courte vue, dénuée de fondement scientifique solide », tribune publiée dans Le Monde, le 11 mai 2024
Détérioration des services publics
L’austérité pourrait avoir des effets particulièrement néfastes sur les services publics. La dégradation progressive de ces services, qui pourrait pousser les ménages à se tourner vers des alternatives privées plus coûteuses et moins efficaces. Une telle privatisation rampante pourrait aggraver les inégalités et réduire l’accès aux services essentiels pour les populations les plus vulnérables. La reconstruction des services publics, une fois dégradés, serait un processus long et difficile, nécessitant des efforts soutenus pour attirer de nouveau des professionnels dans le secteur public.
Une austérité budgétaire aggravée début 2024 par un décret annulant 10 milliards d’euros de crédits dans son budget 2024, alors que la loi de finances 2024 actait déjà une réduction de 16 milliards par rapport à celle de 2023, incluant des coupes dans les secteurs cruciaux tels que l’enseignement, la recherche, et la transition écologique, compromet la capacité de la France à faire face aux défis à long terme. Les coupes dans les budgets de la transition écologique (2,1 milliards d’euros de coupes, plus la réduction de 400 millions des dotations du fonds vert finançant la transition écologique des territoires), par exemple, mettent en danger les efforts pour lutter contre le changement climatique, alors même que des investissements massifs sont nécessaires pour anticiper et mitiger ces impacts.
La dégradation des services publics, pourrait également alimenter des tensions sociales et exacerber le malaise démocratique.
Un cercle vicieux
L’austérité pourrait entraîner un cercle vicieux. En dégradant les services publics, l’austérité pourrait inciter les citoyens à demander moins de contributions fiscales, ce qui conduirait à de nouvelles coupes budgétaires et à une privatisation accrue. Une fois que les services publics sont affaiblis, il devient beaucoup plus difficile de les restaurer, car les professionnels ayant quitté le secteur public sont difficiles à ramener, même avec des améliorations salariales ou des conditions de travail.
Alternatives à l’austérité
Il existe des alternatives à l’austérité. Au lieu de réduire les dépenses, il est possible de rechercher à augmenter les recettes par des mesures fiscales ciblées, telles que des impôts sur les superprofits, les dividendes, ou les transactions financières. Ces mesures permettraient de financer les services publics essentiels et les investissements nécessaires pour préparer l’avenir, sans sacrifier la stabilité économique du pays.
La nécessité d’une politique budgétaire équilibrée
En conclusion, l’austérité budgétaire proposée pour 2025 est non seulement inutile, mais aussi potentiellement destructrice. Elle pourrait non seulement affaiblir les services publics, mais aussi compromettre la capacité de la France à faire face aux défis économiques, sociaux et environnementaux. Pour éviter ces effets négatifs, il est crucial d’adopter une approche budgétaire équilibrée, qui assure un financement adéquat des services publics et soutient la stabilité à long terme.
Par UFETAM-CFDT
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Pour mémoire :
Voir aussi notre article du 27-08-24 : Budget 2025 ???
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