14 % des agents publics ont déjà été victimes de violences

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En 2021, les agents de la fonction publique ont été plus fréquemment victimes de violences, notamment d’injures, de menaces et de harcèlement moral, par rapport aux salariés du secteur privé. Une enquête réalisée en 2022 par la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) et publiée ce jeudi 25 juillet révèle que 14 % des agents publics ont subi au moins une atteinte à la personne, contre 12 % des salariés du privé. Cette différence s’explique principalement par une plus grande exposition des agents publics à des situations de violence dans le cadre de leur métier.

Exposition professionnelle accrue

Hors violences conjugales, 45 % des atteintes subies par les agents publics ont lieu dans un contexte professionnel, contre 33 % pour les salariés du privé. Les professions les plus exposées aux violences incluent les policiers, les travailleurs de la santé et du social. Les jeunes agents de moins de 30 ans sont plus souvent victimes de violences que leurs collègues plus âgés, tandis que les immigrés sont globalement moins souvent victimes que les personnes sans ascendance migratoire, à l’exception des discriminations.

Types de violences subies

Parmi les atteintes rapportées, les injures arrivent en tête (6 %), suivies du harcèlement moral (5 %), des violences sexuelles, des menaces, des discriminations et des violences physiques (1 %). En comparaison, les salariés du secteur privé sont moins souvent victimes d’injures, de harcèlement moral et de menaces, mais les proportions de violences physiques, de discriminations et de violences sexuelles sont similaires entre les deux groupes.

Contexte des violences

Les violences subies par les agents de la fonction publique se déroulent majoritairement dans un cadre professionnel (45 %), alors que pour les salariés du privé, ce chiffre est de 33 %. Les violences physiques non sexuelles sont particulièrement fréquentes sur le lieu de travail pour les agents publics (59 %), contre seulement 19 % pour les salariés du privé. Les injures et menaces suivent une tendance similaire, avec la moitié des incidents se produisant sur le lieu de travail pour les agents publics, contre moins d’un tiers pour les salariés du privé.

Professions à risque

Les professions en contact direct avec le public sont les plus à risque. Dans la fonction publique, 93 % des atteintes touchent des agents en contact avec le public, bien qu’ils ne représentent que 84 % des agents. Dans le secteur privé, cette proportion est de 76 %, alors que ces agents représentent 62 % des effectifs. Les policiers, militaires et pompiers sont particulièrement exposés aux menaces et injures, représentant 5 % des agents publics mais 19 % des victimations professionnelles. Les professions intermédiaires de la santé et du travail social, bien que ne représentant que 11 % des effectifs, subissent 17 % des atteintes.

Différences selon l’âge et le sexe

Les jeunes agents sont les plus exposés aux violences, particulièrement aux violences sexuelles et physiques. Les agents de moins de 30 ans subissent 17 % des atteintes dans un contexte professionnel, alors qu’ils ne représentent que 13 % des effectifs. Les agents de plus de 50 ans sont sous-représentés parmi les victimes de violences professionnelles mais sont plus souvent victimes de discriminations et de harcèlement moral. Les femmes sont légèrement sous-représentées parmi les victimes dans la fonction publique mais surreprésentées dans le secteur privé, particulièrement pour les violences sexuelles et le harcèlement moral.

Immigrés et discriminations

Les immigrés sont sous-représentés parmi les victimes d’atteintes dans le cadre du métier (4 % des victimations, pour 7 % des agents). Cependant, ils sont surreprésentés parmi les victimes de discriminations : 11 % des atteintes dans la fonction publique et 18 % dans le secteur privé concernent des immigrés. Les descendants d’immigrés sont également plus souvent victimes de discriminations et de violences physiques par rapport à leur proportion dans les effectifs de la fonction publique.

Dépôt de plainte

Le dépôt de plainte est plus fréquent dans la fonction publique (9 %) que dans le secteur privé (3 %), particulièrement pour les violences physiques (23 %) et les menaces (19 %). Les injures donnent aussi plus souvent lieu à une plainte dans la fonction publique (7 %) comparé au secteur privé (2 %). Cette différence pourrait être due aux protections offertes par le Code pénal aux agents chargés d’une mission de service public.

Sentiment d’insécurité

En 2022, 22 % des agents de la fonction publique (1 sur 5) se sentent souvent ou parfois en insécurité sur leur lieu de travail, contre 14 % des salariés du privé. Ce sentiment est particulièrement fort chez ceux en contact avec le public et ceux ayant déjà été victimes de violences. Les policiers, militaires et pompiers sont les plus concernés, avec 46 % d’entre eux se sentant souvent ou parfois en insécurité. Dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social, ce chiffre est de 32 %. À l’inverse, seulement 12 % des cadres administratifs et techniques de la fonction publique partagent ce sentiment.

Conclusion

Les agents de la fonction publique sont plus souvent victimes de violences en raison de leur plus grande exposition professionnelle, notamment ceux en contact avec le public. Les jeunes agents et ceux dans des professions à haut risque, comme les policiers et les travailleurs de la santé, sont particulièrement touchés. Bien que les femmes et les immigrés soient souvent victimes de discriminations et de violences, le dépôt de plainte est plus courant dans le secteur public, reflétant peut-être une meilleure reconnaissance et protection de ces atteintes par le système juridique. Le sentiment d’insécurité au travail est également plus élevé parmi les agents publics, soulignant la nécessité de mesures pour améliorer leur sécurité et leur bien-être au travail.

L’ancien ministre chargé de la fonction publique, S. Guerini, en septembre 2023 avait annoncé un « plan de protection des agents publics » (voir notre article du 27 septembre 2023) pour faire face à la hausse des atteintes contre ces derniers. L’objectif affiché était de mieux « mesurer et prévenir » ces violences, ainsi que de mieux « protéger » les agents. Petit (ou gros !) hic, une partie des mesures devait être intégrée à la réforme de la fonction publique préparée par le ministre en question, réforme actuellement « dans les choux » depuis les dernières élections législatives.

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